Cours d’Eric HAKEM
Module : Introduction au droit et aux sciences politiques Le 13/01/05
(Suite2)
La Science Politique :
Etude selon 2 axes :
1) Facteurs d’émergence de cette science :
· Quelles sont les Possibilités d’investigation ?
· Quels sont les espaces de développement ?
· Quelles sont les exigences intellectuelles ?
2) Territoire de la science politique :
· Les acteurs
· Les processus
· Les perspectives
Introduction :
La science politique est la dernière venue des sciences sociales. La consolidation des sciences politiques s’est déterminée autour de 3 repères fondamentaux.
1) La séparation aussi rigoureuse que possible du regard clinique et du jugement de valeur moral ou partisan Politique .
2) Utilisation de méthodes et de techniques d’investigations communes à l’ensemble des sciences sociales. Elaboration d’outils qui permettront d’établir des faits et des mises en perspectives.
3) Ambition de systématisation par des propositions de cadres généraux d’analyses et de constructions de modèles qui facilitent la découverte des « lois »
Ces 3 repères signifies la création d’une discipline.
Cela explique le grand débat des années 70-80 ou le travail social essayait d’émerger en tant que discipline à part entière. Cependant, le travail social est une pratique professionnelle qui emprunte des méthodes et qui est donc au carrefour de plusieurs disciplines. (La médecine n’est pas une discipline mais un art qui utilise plusieurs disciplines).
Il est à noter que la politique trouve son existence bien avant le siècle dernier. En effet elle prend racine dans des œuvres majeures tel que :
· Le Prince de Machiavel en 1513 ( œuvre d’une actualité étonnante )
· L’Esprit des lois de Montesquieu en 1749 . Démarche qui systématise l’observation et qui annonce directement l’œuvre de Tocqueville « La démocratie ». Analyse de la vertu « Pourquoi un Etat est il si différent »
· Montesquieu a cru découvrir la différence entre les sociétés à travers la théorie des climats . Importance de retenir la démarche qui s’appuie sur l’observation.
· Marx va introduire une rupture profonde dans la pensée politique par une construction rigoureuse de l’apport du concept de mode de production. « Livre I du Capital » . Ce qui faut surtout retenir de Marx s’est sa pensée philosophique majeure et l’Historien.
· Louis Althusser montrera véritablement que l’élément essentiel de la pensée Marxiste n’est pas remis en cause. Il proposera de son utilisation une grille de lecture inspirée de la théorie de Marx.
· Gramsci, luttera contre le fascisme de Mussolini et bousculera les arguments d’autorité par rapport aux pensées Marxiste et en posant la question : "Qu'est-ce que penserait Marx aujourd'hui ?"
Les pièges du marxisme ont été d’une part, l’internationale ouvrière qui s’est érigée de façon trop dogmatique et d’autre part, par l’émergence de modèles en des lieux auxquels Marx n’aurait jamais pensé qu’ils se développeraient.
Marx restera l’un des plus grands penseurs de l’Humanité.
C’est au début du XX ème qu’apparaîtra les premiers classiques des grands auteurs des sciences politiques :
· Vilfrid PARETO Né à Paris en 1848, mort à Genève en 1923. Il fit ses études en Italie devint ingénieur. En 1893, il fut nommé Professeur d’Economie Politique à l’Université de Lausanne. Il se consacra essentiellement à l’économie et à la sociologie. Il est l’un des fondateurs avec WALRAS , de l’école de l’ équilibre économique général et l’un des promoteurs de l’économie politique scientifique et mathématique.
· Max WEBER traitera des variables culturelles et politiques ( l’Ethique protestante et l’esprit Capitalisme) études des problèmes épistémologique …
· Roberto MICHELS s’intéresse aux partis politiques
· André SIEGFRIED se fit reconnaître par ses pairs a travers ses travaux de recherche qui lui valurent la célébrité - Tableau de la France de l’Ouest, publié avant la guerre.
Ce sont tous ces auteurs qui à travers leurs ouvrages ont donné corps aux sciences politiques.
D’autre part, on observe aux Etats Unis l ‘émergence d’Ecoles qui susciteront de nombreux débats sur les méthodes. Idée fondamentale de suraccumulation des matériaux.
Fin du 19ème siècle, l'opinion dominante est que la science politique est au carrefour de différentes disciplines (histoire, l’économie la psychologie, l’ethnologie, le droit public…) d’où l’expression de sciences politiques au pluriel.
1948 l'UNESCO proposera une nomenclature pour les sciences politiques qui fonctionnera sur quatre rubriques.
1.Théorie Politique : Elle récuse les jugements de valeurs et formule des hypothèses sur les faits et leurs systèmes d’explication. On y classe aussi l'histoire des idées politiques.
2.Institutions politiques : Etude monographique du gouvernement central et gouvernements locaux et de l'administration publique. Observation des différentes fonctions que ces institutions assument.
3. groupes et opinion publique : Etude des groupes de pressions, les élections, la propagande…
4. Relations internationales : Etude des organisations géopolitiques politiques étrangères, les organisations intergouvernementales – ONU - la coopération entre états, la défense, les conflits, les zones d'influences.
Association des points 2 et 3 sous l’étiquette de sociologie politique tout en sortant un élément du point 2 l’administration publique qui deviendra la science administrative. Ce qui nous donnera une nouvelle typologie :
1 .Théorie politique
2. Sociologie politique
3. Science Administrative
4 .Relations Internationales
Cependant on notera une surcharge de sens du mot politique. Il faudra donc opérer une distinction de genre. Est-ce le ou la politique ?
Le politique désigne un champ social de contradictions et d'intérêts (réels ou imaginaires, matériel ou symbolique), mais aussi de convergences et d’agrégations partielles régulées par un pouvoir disposant du monopole de la coercition légitime.
La politique est la scène où s'affrontent les individus et les groupes qui sont en compétition pour conquérir le pouvoir d'État [ou] et ses démembrements ( commune- département-région ) ou pour l'influencer directement. Dans la politique, nous y trouvons les partis politiques, les lobbyings, les mouvements sociaux plus ou moins éphémères.
La vie politique est caractérisée par un débat permanent (échéances électorales) qui se nourrit des problèmes issus de la société globale, mais qui sont codés en fonctions de ses exigences propres.
Les objets de la science politique sont les modes de productions des injonctions socialement légitimes.
On s’intéressera donc aux institutions, à la vie politique et à ce qui les alimentent : Les conflits, les contradictions, les convergences d’intérêts et ce qu’ils produisent : Des politiques publiques, des lois, des réglementations, des représentations « Symboles et Messages » et à ce qui est rétroactif sur les acteurs et les processus.
Dans la société globale on trouve 3 grandes catégories de modes de production qui fonctionnent en interférence.
1. Les biens matériels et services
Les échanges sont définis par la production et la commercialisation. Ils ont une structure organisationnelle de type entreprise et c'est l'objet de la science économique.
2. Les modes de production d'objets culturels et symboliques
Ils sont indispensables à la production et au bon fonctionnement des groupes (les œuvres littéraires, artistiques, les langues, les valeurs, les croyances …). Ils sont élaborés et diffusées par les grandes institutions de socialisation (famille, école, église, travail, médias) Il y a interaction entre l’Etat et l’entreprise.
3. Le mode de production des injonctions socialement légitimes
Ce sont des choix politiques qui permettent la résolution des conflits. L'institution est l'état moderne et c'est précisément ce type de structure organisationnelle qui sera l'objet de la science politique.
Schéma des 3 grandes catégories de modes de production
Les modes de production sont des systèmes en interaction constants et généralisés.
L'école reproduit totalement les rapports sociaux. Elle adapte les futurs producteurs aux modèles de production qui préparent les producteurs et les consommateurs. L'entreprise reste le principal lieu de socialisation.
L'objet réel de la Science Politique est l’étude du champ politique sans empiétement sur les autres territoires de la science de l’homme.