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UE1

13/01/2005

 

 

 

 

 

INTRODUCTION AUX SCIENCES POLITIQUES

 

 

La science politique :

 

Elle va être étudiée selon deux axes :

1)      les facteurs d ‘émergence de cette science :

quelles sont les possibilités d’investigation ; quels sont les espaces de développement, les exigences intellectuelles ?

2)      le territoire de la science politique : les acteurs, les processus, les perspectives.

 

 

Introduction :

 

·         La science politique est la dernière venue des grandes sciences sociales.

Pourquoi est-ce une science sociale ?

Qu’est-ce qui permet la création d’une discipline ?

Parce que dans la démarche du politique, on a :

1)      la séparation aussi rigoureuse que possible du regard clinique et du jugement de valeur ou moral

2)      l’utilisation de méthodes ou de techniques d’investigation (communes à l’ensemble des sciences sociales). Ce sont ces techniques et ces méthodes qui vont permettre d’établir les faits et leur mise en perspective.

3)      Un objectif : l’ambition de systématisation : la proposition de cadres généraux d’analyse et de construction de modèles, qui facilitent la découverte de « lois ».

 

(C’est ce qui explique un grand débat des années 70/80 : des travailleurs sociaux ont essayé de faire émerger le travail social comme discipline ; or, ne répond pas à ces règles > le travail social est une pratique professionnelle, un carrefour de disciplines – pas une discipline. Aujourd’hui ce débat est tassé, d’autant plus que le travail social est attaqué violemment ; on annonce sa mort…)

(de même, la médecine est un art, qui s’appuie plus ou moins sur telle ou telle discipline…)

 

·         Même si elle est la dernière, la science politique n’est pas née récemment :

Elle prend racine dans des œuvres majeures :

 

Ø      « Le prince » de Machiavel, en 1513 ; une œuvre considérable, d’une actualité étonnante.

 

Ø      Montesquieu : « L’esprit des lois » 1749 ; une œuvre extrêmement originale, une démarche qui systématise l’observation ; annonce très directement l’œuvre de Tocqueville sur la démocratie.

 

Ø      Tocqueville : part outre-atlantique pour comprendre le fonctionnement des jeunes Etats-Unis d’Amérique, et en comprendre la vertu. C’est une problématique moderne ; on est en plein relativisme aigu avec Montesquieu et Tocqueville : pourquoi tel état a telle ou telle configuration… ?

Par exemple, en France et en Grande Bretagne, malgré notre proximité géographique, et même historique, nous avons des formes de gouvernement totalement différentes.

 

Montesquieu a cru découvrir la différence entre les sociétés dans la variété des climats. – on peut oublier la réponse, erronée, mais on retient la démarche : il observe.

 

(Si on veut comprendre ce qui se passe aux USA aujourd’hui, il faut lire Tocqueville)

 

Ø      Marx : il va introduire à bien des égards une rupture profonde dans la pensée politique :

-          une construction rigoureuse

-          le concept de mode de production : dans le *Livre 1 du « Capital ».

 

(Les systèmes construits à partir du marxisme ont été terribles, ce n’est pas pour ça que la pensée de Marx est nulle)

Il reste de Marx :

·         le philosophe ; c’est une pensée philosophique majeure ; aujourd’hui on pense en CSP ; la lutte des classe a-t-elle cessé ? La lutte des classes telle que pensée par Marx n’a rien à voir avec notre société.

·         D’un point  de vue historique : le Tome 1 du capital, le meilleur ouvrage sur la révolution industrielle en GB au 19ème.

 

Ø      Louis Althusser : a introduit la coupure épistémologique : il va démontrer que l’élément essentiel de la pensée marxiste n’est pas remis en cause par les éléments détestables de certains systèmes. (de même que Rousseau n’est pas responsable des dérives de la révolution).

(à la fin de sa vie, Althusser a eu des crises de démences, a tué sa femme, a été interné…)

Il a écrit « l’avenir dure longtemps ».

A proposé une grille de lecture des écrits du jeune et du vieux Marx…

Selon lui, Marx est pluriel : philosophe, économiste… Le problème est que pendant des années on a figé, « glacifié »sa pensée. On disait « revenons aux sources », mais Marx écrivait pour l’Angleterre du 19ème ; il fallait partir de ses analyses pour voir comment elles continuaient à fonctionner, ou ne plus fonctionner, aujourd’hui.

 

Ø      Gramsci : (italien de l’entre –deux guerres) : c’est le grand auteur qui va bousculer les arguments d’autorité par rapport à Marx.

Selon lui, ce qui importe n’est pas : « qu’est-ce qu’a dit Marx ? » mais « qu’est ce que penserait Marx ? »

Il avance que pour toute théorie, à un moment, une école ou une église se forme : ça peut bloquer beaucoup de choses.

Ex : pour Bourdieu actuellement : il a ses critiques et ses défenseurs inconditionnels. En fait, iil est incontournable, mais ses écrits sont très compliqués, et il s’est aussi planté…

 

La façon dont Marx a été piégé :

-          l’internationale ouvrière s’est érigée de façon très dogmatique en référence au marxisme.

-          des modèles se sont développés en référence à sa pensée pas du tout là où il aurait pensé qu’elle se développerait (à savoir, en théorie, dans les sociétés industrielles, et en pratique, dans des sociétés rurales.)

Marx est l’un des plus grands penseurs de l’humanité.

C’est une démarche scientifique. Le matérialisme scientifique est né de la pensée féconde de Marx.

 

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Les premiers  grands auteurs de la science politique naissent à l’aube du 20ème s :

      -  Umfredo PARETTO

- Max WEBER : Weber explore des sujets extrêmement divers…des variables culturelles et politiques (l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme) ; des problèmes épistémologiques…Weber est-il politique ou sociologue ?

-          Roberto MICHELS, sur les partis politiques

-          André SIEGFRIED : « le tableau politique de la France de l’ouest ».

De grands ouvrages de référence, qui donnent naissance à la science politique.

 

Dans le même temps aux USA , il y a émergence d’écoles. Des discussions minutieuses par rapport aux méthodes. A l’école de Chicago en particulier, l’idée qu’il faut sur accumuler les matériaux, saturer les éléments dont nous avons besoin…

 

Durkheim : on ne le retient pas du côté politologue mais plutôt sociologue, et pourtant ses travaux sont tous dominés par le politique.

A la fin du 19ème, la science politique est au carrefour des autres disciplines humaines (l’idée dominante) ; c’est aussi l’histoire, l’économie, l’anthropologie, le droit public, etc…Chacune des disciplines à un moment donné se saisit du politique :

            D’où l’expression les sciences politiques.

 

En 1948, l’UNESCO propose une nomenclature pour la science politique :

1)      la théorie politique : récuse les jugements de valeur, s’attache à formuler parallèlement des hypothèses sur les faits et leur système d’explication. Concerne également l’histoire des idées politiques.

2)      les institutions politiques : une étude monographique du gouvernement central et des gouvernements locaux, ainsi que de l’administration publique et de l’observation des différents fonctions que ces institutions assument.

3)      Les groupes et l’opinion publique ; les groupes de pression, les élections, l’information, la propagande…

4)      Les relations internationales : les organisations intergouvernementales, (ONU) les conflits, les problèmes de défense, la géopolitique, géostratégie, la politique étrangère des états, les zones d’influence…

 

Aujourd’hui, on associe les points 2 et 3 sous l’étiquette sociologie politique, sauf l’administration publique qui est devenue la science administrative.

On a donc :

1)      la théorie politique

2)      la sociologie politique

3)      la science administrative

4)      les relations internationales.

 

Il y a un problème dans l’abord de la question : la surcharge de sens du mot politique.

Il faut opérer une distinction de genre :

Le politique : désigne un champ social, de contradictions ou d’intérêts, (réels ou imaginaires), mais aussi de convergences et d’agrégations partielles, régulées par un pouvoir disposant du monoplole de la coercition légitime.

La politique : c’est la scène où s’affrontent les individus et les groupes qui sont en compétition pour conquérir le pouvoir d’état, ou ses démembrements, ou pour l’influences directement ;

(les partis politiques, les lobbies, les mouvements sociaux + ou – éphémères…)

            La vie politique est caractérisée par un débat permanent (réactivé par les échéances électorales) qui se nourrit des problèmes issus de la société globale. Mais ces problèmes sont codés : ils s’expriment selon une forme particulière, en fonction de ses exigences propres.

 

Le politique dans la Démocratie : c’est l’idée d’un pouvoir au dessus ; la croyance (illusion) que chaque voix peut changer le résultat…

Le pouvoir régalien : la justice est rendue au nom du peuple français.

 

Le démembrement de l’état : les communes, départements, régions…

La politique : participer à ces échelons (de pouvoir, d’organisation…).

 

Le lobby : en anglais le couloir ; l’entre deux. C’est là où on discute, pendant les suspensions de séance à l’assemblée…

Ex : les conventions médicales ; une catégorie de médecins se trouve toujours lésée, cela aboutit à chaque fois à une fracture dans le corps médical, à la création d’un nouveau lobby.

 

La compétition pour le pouvoir se passe à tous les niveaux.

Chirac : « et si je me représentais… » : permet le maintien de sa légitimité politique. Sinon…

« la place de dieu, c’est un cul de sac » 

(limitation des mandats à deux, comme aux USA ; avantages, et inconvénients : on aurait probablement eu Clinton au lieu de Bush).

L’homme politique : « j’ai des convictions, et je suis le meilleur pour les faire aboutir ».

En France, on avance toujours masqué ; par ex, les enseignants manifestent pour l’intérêt des élèves – et les leurs !

 

Il n’est pas illogique de considérer que pour faire de la politique, il faut un métier. Récemment les livres de L Ferry et de F Mer : c’est un monde de requins… : c’est la réalité ; les gros mangent les petits.

Le pouvoir séduit, et le pouvoir corromps.

 

Une élection se gagne au centre : donc somment, avec les idées que j’ai, rassembler large ?

Au 1er tour : concentrer ; au second tour : élargir. (Jospin a oublié le 1er)

C’est une très grosse difficulté pour le PS actuellement :

-          soit il se conforte sur ses marges gauches, et abandonne la possibilité de revenir au pouvoir rapidement

-          soit il revient vers le centre, mais qu’est ce qui le différencie alors du centre droit ?

 

L’électeur est volatile ; R. Badinter le compare à une insomnie : on se tourne à droite, on se tourne à gauche, pour espérer mieux dormir…

(Globalement, il y a une espèce de consensus sur un certain nombre de points…)

 

Des gens de conviction, il en existe ; mais en général, ce sont des circonstances exceptionnelles qui les portent au pouvoir. (Clémenceau, De Gaulle, Mendès France…)

 

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Une définition, une approche de ce qui constitue le domaine des sciences politiques :

Leur objet : les modes de production des injonctions socialement légitimes.

 

On s’intéressera :

·         aux dispositifs : les institutions, la vie politique

·         à ce qui les alimente : les conflits, les contradictions, les convergences d’intérêt

·         à ce qu’ils produisent : des politiques publiques, des réglementations, mais aussi des messages et des symboles

·         à tout ce qui est rétroactif sur les acteurs et les processus.

 

La nomenklatura : environ 10000 personnes, relativement interchangeables, qui ont le même cursus…

Au cours de débats publics, s’affrontent très violemment ; après, discutent tranquillement…

Les médias, la télé particulièrement : prévoit des séquences d’une mn et ½. Il y ades gens qui se spécialisent dans la « phrase kit ».

 

On observe la multiplication des commémorations : il y en a 60 en 2005 ! voir la marchandisation qui est derrière…

 

Des symboles : selon qu’on est de droite ou de gauche on ne défile pas aux mêmes endroits dans Paris.

 

Les gloires politiques sont au Panthéon ; les gloires militaires aux Invalides…De Gaulle n’a voulu être ni dans l’un ni dans l’autre mais dans un lieu particulier…Mitterrand de même…

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Dans la société globale, nous avons 3 grandes catégories de modes de production, qui fonctionnent en interférence :

 

1)      Les modes de production des biens matériels et de service : c’est la production et la commercialisation, les échanges.

Sa structure organisationnelle type : l’entreprise.

C’est l’objet de la science économique.

 

2)      Les modes de production d’objets culturels et d’élaboration symbolique ; les œuvres littéraires,   artistiques, les langues, les valeurs, les croyances…Ces « objets » sont indispensables à la production et au fonctionnement des groupes.

Ces éléments sont élaborés et diffusés par les grandes institutions de socialisation : la famille, l’école, les églises, les monde du travail , les médias…

Mais l’état et l’entreprise interviennent aussi dans leur production : il y a interférence.

C’est l’objet de la sociologie.

 

3)      Les modes de production des injonctions socialement légitimes : des choix politiques qui permettent la résolution des problèmes.

Leur structure organisationnelle type, c’est l’état moderne. 

 

 

Modes de production

des injonctions socialement légitimes

(sciences politiques)               

                                                                                               échangent pouvoir et rôles

 

 

Modes de production des

   Echangent monnaie et pouvoir                         Objets culturels et des élaborations symboliques

(sociologie)

échangent rôles et monnaie

 

Modes de production                                                                                         

Des biens matériels et des services

(science économique)

 

 

Parsons : ces systèmes sont en interaction constante et généralisée.

 

Les rapports entre les biens matériels et les injonctions socialement légitimes :

 

Les entreprises produisent des biens matériels ou des services et génèrent des impôts : échange entre les entreprises et l’état.

L ‘état peut commander aux entreprises, et subventionner.

L’état s’impose aux agents économiques, mais les entreprises ont un pouvoir…Le gouvernement peut favoriser ou gêner des entreprises.

 

Les rapports entre les injonctions socialement légitimes et les objets culturels…

 

La presse peut être une presse d’investigation ou une presse inféodée ; entre les deux, il n’y a pas beaucoup d’espace. Il faut beaucoup d’argent à la presse. Les objectifs d’un groupe de presse : influencer et vendre.

Ex : Dassault / Figaro : il veut des articles bien pensants, et il le dit.

(la crudité : une pornographie. Ex de la phrase de P Lelay sur TF1 : vendre du temps disponible de cerveau humain)

Le lien interactif entre les politiques et les médias est évident ; les politiques se déplacent avec des journalistes. Si ceux-ci écrivent des choses trop déplacées, ils ne seront pas emmenés la prochaine fois.

 

(L’opinion publique est une construction sociale – voir à ce sujet l’ouvrage d’un élève de Bourdieu.)

 

La politique est atteinte par le mépris et le désenchantement : à la place des politiques s’expriment beaucoup d’autres.

Question pour les médias : jusqu’où on accepte le cadeau, et on se fait acheter ?

Ce qui est sorti dans les médias, c’est ce qui peut sortir, être entendu…Ce qui est encore politiquement correct ; on a appris ce qui peut être dit... (cf l’expression : on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui) .

Les politiques ont besoin des médias ; et les médias se nourrissent du politique.

 

Les écoutes téléphoniques illégales sous Mitterand : leur fondement premier est l’existence de Mazarine ; J Edern Allier avait dit qu’il allait sortir un livre… En France sujet dont on ne parle pas.

François Mauriac : son journal est une source permanente d’interrogations sur le siècle.

Raymond Aron….

 

Les rôles : les valeurs, les croyances…

 

Les grandes figures historiques sont des compositions, des images d’Epinal. On ne peut pas vivre sans modèle pour s’identifier.

Vercingétorix : a été battu mais…, dans Goscinny, est montré écrasant les pieds de césar ; Napoléon, en Europe, les autres peuples le classent comme Hitler et Staline…

Au 19ème s, les historiens se sont mis à la disposition des politiques, avec l’école de Jules Ferry, pour reconstituer une Gaulle ayant exactement la forme de celle de 1870. Dans la mouvance du « vouloir vivre ensemble », discours à la Nation.

L’alsace-lorraine : ils ont demandé à vivre avec nous (pas la même logique que les allemands, sont d’un même peuple) ; « n’en parlez jamais, pensez-y toujours » : la revanche.

Ces représentations ont fonctionné, contre l’internationalisme de Jaurès…

 

Che Guevara : a été enterré puis déterré par les militaires, pour prouver qu’il était mort ; mais la rumeur, la légende les a dépassés…

 

En France, le modèle c’est le grand-père : Victor Hugo, Mitterrand…

 

La foule réagit de façon très incontrôlable ; en 14, il y a eu des pillages de magasins à consonances germanique (Liebig…)

 

Clémenceau : a été le fusilleur / et le sauveur de la patrie

Jules Ferry : l’école républicaine / le Tonkin

Pétain : Léon blum a dit de lui en 36 « nous salissons notre plus grande gloire républicaine » en l’envoyant comme ambassadeur en Espagne rencontrer franco.

« Tous résistants » : c’était le message des communistes et des gaullistes.

Après, avec « le chagrin et la pitié » , c’était « tous collabos ».

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On a le besoin de personnaliser. On a tué le roi, on l’a remplacé par le peuple. Après, quand il y a une tête qui dépasse, elle est coupée ; et Bonaparte arrive…

On a besoin de représentations ; cf l’ancienne formule : le roi est mort, vive le roi.

 

 

Les rapports entre les modes de production des biens culturels… et des biens matériels :

 

Ils échangent de la monnaie et des rôles.

L’école reproduit totalement les rapports sociaux ; elle adapte les futurs producteurs aux besoins des entreprises.

L’entreprise reste le principal lieu et modèle de socialisation.

Castel : le travail est le premier vecteur de la socialisation – on s’en rend compte quand on en est privé).

Dans le lien entre ces deux domaines, Weber nous a appris le rôle de la religion puritaine dans l’émergence du capitalisme.

 

L’objet réel de la science politique, c’est l’étude du champ politique sans empiètement sur le territoire des autres sciences de l’homme.

 

 

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