Notes de HENRY Stéphane et Martine Gatineau le 18/11/04
Mise en perspective historique de l'action sociale liée à l'assistance 2 {voir le (1)}
Rappel du plan de cet enseignement :
Le travail social est déterminé structurellement par trois formes d'assistance qui s'est constitué successivement :
Suite de la redistribution
L'économie de la réciprocité est la source de la pensée structuraliste, parce que, selon Mauss "Quelles sont les règles de droit et d'intérêt dans les sociétés traditionnelles, fait que le présent reçu est obligatoirement rendu ?" - "Quelle force il y a t-il dans les choses que l'on donne pour qu'il y a obligation de rendre ?"
Dans le Potlach, il y a une notion de crédit qui est une forme archaïque, mais noble d'un marché sans marchand. C’est une marchandise particulière : l’honneur.
Dans le "Potlatch ", c'est l'échange volontaire qui fait le statut.
Les produits de l'activité sociale sont rendus comparables entre eux s'ils ont en commun le caractère comparable d'être transférable selon les modalités réductibles à des formes plus fondamentales comme l'Amour l'estime, l'argent. Le but de ces échanges est d'établir des alliances de manière ininterrompue et ceci détermine le statut.
L’échange dans le Potlach est un fait social total, c’est en quelque sorte la première forme de contrat social.
1) le fait "société"' est d'essence symbolique
2) la vie sociale est le produit d’une activité relationnelle de l'homme
Les trois formes de redistribution
1) la famille au sens de foyer "oikos" =économie, parentèle . Chacun des membres composant la famille contribue à son niveau à la famille C’est le principe de la solidarité primaire (cf la protection rapprochée, Robert Castel).
A l'extérieur le secours est proportionné au degré de parenté.
2) La clientèle , le clientélisme = réseau de services ou dettes réciproques. Le principe tient dans "cadeau offert" qui ne peut se refuser. Pratique de la mafia.
3) La munificence = dépense somptueuse auprès de bénéficiaires qui délimités juridiquement et localement. C'est une dépense opérée par les puissants, effectuée plus pour l'éclat que pour le don proprement dit, dont l'objectif est de montrer et d'asseoir sa supériorité. Elle permettait de contrôler et gérer les foules, plus pauvres (les jeux du cirques dans l'antiquité) .
Nous ne sommes pas dans une société holiste !!! Dans une société holiste, le groupe prime sur l’individu et, la question du rang et de l’honneur y est importante. Dans ces sociétés holistes où le consensus social se fait autour du cercle, de la communauté, la coutume peut devenir un dû. Par exemple, une réclamation des pauvres lors d’un mariage.
II.La charité
Elle se situe dans la période ou le christianisme prend son essor et triomphe à la fin du moyen age. Avant cette période la charité était facultative. Avec le christianisme, la charité devient le principe cardinal de la moralité chrétienne. La charité prend tout son essor avec la naissance du théologique qui va s'exprimer jusqu'au 16éme siècle (Pont de vue de la Cité de Dieu). La charité se décline sous deux modes d'exercices : l'aumône et l'institution.
1) l'aumône
Elle est une relation personnelle, originale et particulière, dans la mesure où il n'y a ni délimitation préalable des bénéficiaires, ni exigence de la réciprocité (Dieu nous le rendra). Elle imite l'action du Christ, c'est le devoir sacrificiel du riche. L'aumône exige une extension indéfinie du sentiment de la reconnaissance. C'est un acte gratifiant et renouvelable.
2) L'institution
C'est une médiation de l'aumône, ces ressources viennent de donations. Elle apparaît au moment de la montée du christianisme. Elle pour fonction :
![]() | de réparer les injustices les plus criantes |
![]() | de prévenir des fléaux des hommes (guerres) ou de la nature (épidémie). |
Les institutions religieuses se multiplient avec l'organisation qui en découle. La charité était devenue aussi un problème politique. Il y a ambivalence dans la charité chrétienne dans le fait qu'elle ne vise pas l'intérêt du pauvre mais le salut de l'âme du donateur (rachat des pêchés). La charité secoue les pauvres mais ne change pas au fond l'ordre des choses ou l'éradication !! La pauvreté fait partie de l’ordre social voulu par Dieu, c’est le stigmate du péché. De plus en maintenant les pauvres dans cette position on leur évite la tentation des choses du monde, et d'avoir à utiliser des richesses (dont ils ne sauraient que faire).
III.L'intervention sociale
La période moderne produit l'intervention sociale. Une intervention sur la société suppose qu'il y ait une société constituée d'individus. Si l'on considère la société comme un "corps" social toutes les parties qui le compose doivent être en cohésion les unes avec les autres, idée de la nation. Cela suppose également qu'il n'y est plus un ordre sacré (religieux), elle n'est plus une constante naturelle. On passe de la toute puissance du théologique au politique. Cette rupture, cette révolution est la condition sine qua non sans laquelle il n'y aurait pas de possibilité de faire de l'intervention sociale.
L'intervention suppose pour résumé :
![]() | une société |
![]() | une volonté d'intervenir avec une organisation rationnelle |
![]() | que la société sera considérée comme un produit de transformation |
Ces 3 préalables sont réunis à la fin du XVIIIème avec en plus l’émergence de l’idéal de justice et d’égalité.
L'assistance est perçue comme un progrès décisif par la société moderne. Elle s'organise selon 3 logiques :
1) l'unification, parce que les finalités de l'intervention sociale sont de réduire les déficits sociaux, et cela présuppose qu'il y ait également de la cohésion sociale, une nation qui a pour objectif de rapprocher les hommes qui sont éloignés par les préjugés, le passionnel. Cette même cohésion sociale menacée par les désordre des maux sociaux, qu'il convient alors de préserver, en soignant , en intervenant sur les maux sociaux. Il en découle une première forme de l'intervention sociale effectuée par les notables qui font de "l'assistance charitable" et par l'Etat utilisant des systèmes solidariste ou mutualistes.
2) L'éducation, apparaît alors comme une nécessité en prévenant tout d'abord. Nous sommes en même temps dans le processus de laïcisation
La société est un ensemble fini d'individus ou chacun représente une richesse qu'il ne faut pas gaspiller, qu'il faut donc soignée. C'est la naissance des grands courant hygiénistes qui ont pour rôle de lutter contre les grandes maladies ou épidémies. La société développe un souci de prévention, de prévoyance, de préservation. C’est le début des caisses de mutualisations, de prévoyance.
« La charité est satisfaite lorsqu’elle a soulagé l’infortune. Le philanthrope ne peut l’être que lorsqu’il l’a prévenue. »
Cette prévention se diffuse à travers tous les groupes territoriaux, sous la forme de fêtes révolutionnaires civiques "Au nom de la nation"ou circulent les "Gazettes", ou le peuple accède aux loisirs par le biais des bals populaires.
La loi 1901 qui fonde les associations est le vecteur des sociétés de secours mutuels. Ce sont autant de lieux ou la circulation de l'information à caractère éducatif circule.
Les enfants par le biais de l'école, avec entre autre l'apprentissage d'une langue commune, qui facilite d'autant la transmission de l'information préventive.
La rééducation a pour fonction la prise en charge de la marginalité et de la différence, notamment chez les adultes dans un souci de réintégration.
3) La science
L’intervention sociale va devenir une affaire de spécialistes. En 1825, « ..qui doivent être capables d'évaluer les maux auxquels il faut apporter des remèdes, de calculer les modes de secours,....
Il y a une injonction de spécialisation et de professionnalisation qui condamne le bénévolat. Les métiers qui en procèdent vont tirer leur légitimité d'un savoir sur le corps social, d'une connaissance sur le terrain, d’une cohérence des interventions et de la maîtrise des moyens (de la technicité)...
Dans la succession des ces trois formes (redistribution, charité et intervention sociale) nous pouvons constater que chacune critique la précédente sans pour autant la remplacée. Certains comportements peuvent coexister avec l'intervention sociale comme par exemple la charité qui se prolonge encore de nos jours. L'attribution de la signification doit être retardée au risque de lui donner un sens qui se révèlerait être faux.
Il n’y a pas de vérité ni d’objectivité en sciences sociales mis à part celles du contrôle.