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UE1

20/01/05

 

 

 

 

LES FONDEMENTS DES DISCIPLINES EN SCIENCES SOCIALES- 4-

 

 

Les rapports entre la sociologie et la psychosociologie (suite)

 

Georg SIMMEL : 1858/1918 :

Né à Berlin. C’est un ami de Weber et de Bergson.

L’une de ses références principales au niveau philosophique, c’est Kant (pour comprendre son approche intellectuelle).

 

Rappel : les éléments de la révolution Kantienne dans la pensée philosophique :

« Les choses que nous voulons comprendre sont déterminées par les capacités de l’entendement ; la connaissance n’est pas un reflet passif mais une construction de la réalité, et cette construction est en constante évolution. »

La connaissance résulte d’une synthèse entre la raison et la sensation.

« Les pensées sans contenu sont vides, les intuitions sans concepts sont aveugles »

Contenu : le concret, l’observation, ce qui se rattache à du réel.

Concept : qui se rattache à la raison.

 

(La question de la représentation est très piégeante : le réel est infini, indémontrable : on y va, on le rencontre, avec ce qu’on est, notre milieu… Il y a toujours quelque chose de préfabriqué qui est en nous. > En sociologie, ne pas être trop ambitieux, mais très rigoureux.)

 

La pensée de Simmel est dans le sillage de celle de Kant. La vie sociale est un mouvement par lequel ne cessent de se remodeler les relations entre les individus.

Il s’intéresse aux moindres détails de la vie sociale – ce qui inclut les dimensions individuelles.

Pour lui, rien n’est banal, rien n’est trivial….Le petit peut se rapporter au macro ; tout se relie et se rattache à l’essentiel, rien n’est dû au hasard.

Chaque détail de la vie renvoie au sens global de celle-ci.

 

(Est ce du même ordre, la même démarche que le travail social ? oui et non, car le travail social est normatif, lors que Simmel, lui, se préoccupe seulement de comprendre.)

 

Simmel ne va pas être connu en France – du fait de l’opposition de Durkheim, dont le modèle est la biologie, une vision organiciste de la société. (Simmel a une vision vitaliste: la vie sociale est un mouvement par lequel ne cessent de se remodeler les relations entre individus).

Il va être plus connu aux Etats-Unis ; dans son sillage, MEAD écrit « self-mind and society » ; dans l’école de Chicago, Erwin Goffman s’intéresse à « sauver la face ».

 

La notion d’action réciproque : l’influence que chacun exerce sur autrui.

Pour Simmel, les relations sont composées à la fois de ponts qui unissent les individus entre eux et de portes qui les séparent. (dans la vie sociales, vous êtes à la fois séparé des autres et vous avez aussi de multiples occasions de les rejoindre).

On est toujours en situation de monologue permanent ; et il y a aussi tout ce qui va favoriser l’échange avec les autres.

Les autres (en tant que personnes ou que groupes) ont une action sur vous ; vous réagissez aux autres en fonction de vos motivations, en fonction de ce que vous percevez de l’autre et de vous-même, dans la situation.

 

Connotation très psy : on peut orienter une relation en fonction de ce que l’on ressent.

Ex : rencontre avec le directeur après un départ… « qu’est ce que vous faites ici sans mon autorisation ? » « j’étais sûre que vous alliez me dire quelque chose comme ça ».

 

Les motivations pour réagir dans ces situations s’appuient sur divers domaines de votre personne :

-          l’attitude morale

-          les intérêts pratiques

-          les intérêts liés au travail

-          l’instinct de survie

-          l’envie de jouer

-          l’instinct érotique

(selon les gens, selon les moments, la situation va déclencher + ou – l’un, l’autre, plusieurs de ces domaines…)

C’est là que Simmel se différencie de Durkheim : il considère qu’il y a une certaine liberté de l’individu de se comporter.

Ex : certaines personnes « battantes », super performantes dans la gestion des conflits ; hyper développement de l’instinct de survie.

 

Simmel : à quel niveau situe-t-il les interactions, des individus ou aussi des groupes, au niveau macro-social ? Il considère que tout est interaction. C’est un peu le problème de sa sociologie, il y a tellement de niveaux…

 

« C’est la totalité de ces actions de réciprocité qui sont en perpétuel mouvement qui constituent les activités sociales, qui elles-mêmes forment la société globale. »

(préface de J Freund à un ouvrage de Simmel) : la prise en compte de l’individu dans sa globalité :

Ø      on peut dire de Simmel qu’il est le fondateur de la psychologie sociale en Europe -bien qu’il ne se soit jamais soucié de fonder quoi que ce soit.

 

L’intérêt de cette approche : il est possible de conjuguer les analyses micro-sociologiques avec les analyses macro-sociologiques, car il y a des correspondances entre les deux par l’intermédiaire de cette notion qu’il appelle forme sociale.

 

Simmel : deux notions principales :

1)      l’action réciproque (interaction)

2)      la sociologie formelle.

 

Pour Simmel, l’examen des interactions entre individus est nécessaire mais pas suffisant. Il faut regarder ces interactions en recherchant quelles sont les formes d’association humaine.

Cette base d’analyse – la forme sociale- se distingue de Durkheim car simmel ne fonctionne pas avec l’idée qu’il y a une contrainte sociale extérieure aux individus lorsqu’ils s’associent. (ça n’est pas ce qui l’intéresse).

Il veut dégager des constantes, des régularités dans les formes d’association  humaines ( il ne veut pas dégager de grandes lois).

Ce qui est intéressant en sociologie, c’est montrer les grandes tendances.

Weber et Simmel laissent place à des cas exceptionnels, à des inflexions. Durkheim ne s’y intéresse pas.

(ce qui concerne les grands mécanismes peut se rejoindre dans les deux écoles. Mais dans la façon de travailler et de concevoir les choses, tout finit par s’opposer).

 

Simmel parle des formes de socialisation.

Dans un article célèbre, « Comment les formes de socialisation se maintiennent », Simmel distingue 4 types de formes de socialisation :

1)      Les formes d’association qui offrent une certaine permanence : les institutions : les églises, les partis politiques, les entreprises collectives, l’état, l’école, la famille –ou les rapports de parenté.

2)      Les formes d’organisation des rapports sociaux : les rapports hiérarchiques, de domination, la concurrence, le conflit, la division du travail, l’imitation, l’héritage, le secret, les modes (habillement…) le rapport à l’argent, la croyance…

3)      Les grandes formes de socialisation : la politique, le droit, l’économie, l’éducation, la religion.

4)  Les formes éphémères qui constituent le quotidien : la politesse, le partage, le tact, …toute une série de comportements de tous les jours, qui apparaissent comme des rituels nécessaires à la vie en groupe.

On pourrait y mettre la contestation.

 

(La notion d’incivilité : la déconstruire ; elle est venue de l’éducation national ? qu’est ce que ça recouvre ? en quoi ça gêne l’ordre établi ?…)

 

Le point de vue de Simmel a influencé Weber. A partir de ce concept de forme sociale, Simmel et Weber vont construire la notion d’idéal-type.

 

Weber construit ce schéma, inspiré de Simmel : la notion d’idéal –type rapportée à la domination :

(voir p 196)

-          la domination traditionnelle : forme de domination fondée sur le caractère sacré de la tradition ; figures du roi, du père, du seigneur … perpétue un système.

-          La domination charismatique : la personne influente qui va savoir persuader son entourage, gagner des adeptes, mobiliser les masses, jouer sur des facteurs émotionnels qu’elle suscite, entretient et maîtrise. Les prophètes, les profs, les dictateurs, les éducateurs…

-          La domination légale : le pouvoir tient à la fonction qui est exercée et non à la personne elle-même ; il peut être attribué par compétences, concours, ancienneté… avec des critères objectifs. C’est le modèle de la bureaucratie.

 

Voir le texte « l’avare, le prodigue, le cynique et le blasé ».

Un idéal-type, c’est toujours virtuel ; ça sert à classer le monde social. (différent d’un archétype, pas une notion sociologique).

Un idéal-type, on le construit ; c’est un outil de compréhension du réel.

Dans la série « les formes d’organisation des rapports sociaux » il y avait le rapport à l’argent ; à partir de cas, il construit ces catégories (avare, prodigue…).

 

Don Quichotte : a été repris par Bourdieu pour parler de l’habitus, pour montrer comment il est coincé par l’aspect rigide de l’habitus (il a été élevé dans le mythe de la chevalerie) ; l’idéal-type du mec déphasé.

 

Voir aussi extrait de texte p 81 : « Dialectique de la réification des rapports sociaux et de la libération formelle de l’individu ».

 

L’originalité de la pensée de Simmel c’est de détacher le contenant du contenu (ce qu’on fait rarement mais qui présente de grands intérêts) ; au lieu de rester collé au niveau des croyances, du discours,

·         On va examiner la forme de l’association humaine : le nombre, la mixité, la position sociale, l’âge, la succession des générations, et des conflits, comment ça se passe… le contenant

·         On va examiner ce qu’il y a dans les têtes de chacune de ces personnes : croyances, motivations, idées…le contenu.

·         Et ensuite on étudie l’interaction entre les deux. Contenant et contenu sont examinés d’abord séparément, puis on étudie l’alchimie entre les deux.

 

Exemples :

-          un mémoire de l’an dernier sur « les activités du placement familial » ; a étudié comment font concrètement les familles d’accueil, à leur domicile, avec les enfants accueillis et leurs propres enfants ; a dressé des types.

L’étude du contenant : pour ne pas coller (être ne empathie ou en rejet) au contenu –humaniste …

 

-          une étudiante a étudié comment 2 associations de jardins ouvriers se sont implantées sur le fort d’Aubervilliers, et se disputent le territoire : une asso catho et une asso laïque radical-socialiste ; comment les cathos, et les autres, s’y sont pris, ont négocié… Elle a vu après que le contenu a une influence sur le contenant. Ca se voit même au niveau de la structuration des lopins.

-          Recherche de M . avec des collègues : comment la pauvreté est-elle parlée au niveau de la protection de l’enfance ?

A Paris, c’est toujours les mêmes barèmes (30f/ jour/personne) qui sont appliqués depuis 83 !

Les politiques d’assistance créent des mauvais pauvres. Comment on détermine les bons et les mauvais pauvres : posséder ou pas une voiture, un jardin…Ca apparaît dans les circulaires internes à Paris.

Quels sont tous les mécanismes mis en place pour étouffer le problème social ? C’est une question sociologique.

Chaque type de mission (service social polyvalence, RMI, …) relève d’une culture qui a émergé à un moment dans l’histoire.

La polyvalence : issue presque du front populaire ; l’idée de progrès…

Le RMI : années 80 ; déclin de l’état providence, qui n’a plus les moyens > se servir de la notion de projet. Critique de la notion d’assistance…

Projet : un paradigme de l’action sociale.

Depuis la révolution française, la politique d’assistance a été instituée (contre l’acte charitable) comme un droit, construit. Il y a eu affûtage des politiques d’assistance.

Le Rmi : un droit surajouté.

Yvelines : usage d’un quotient social, qui ne prend pas en compte les autres charges, le restant à vivre…La décentralisation a provoqué un accroissement des inégalités.

 

Ø      pour Simmel, aller voir comment il prend la notion de conflit

Ø      lire le texte distribué de Mead. (le soi et le jeu…)

 

SYNTHESE :

 

Les sciences et leurs disciplines sont des formes d’organisation du savoir.

 

Il y a deux caractéristiques à la démarche scientifique :

 

1) L’esprit critique (arrivé avec le positivisme).

On doit prouver ce qu’on affirme parce que dans tous les cas, les sciences procèdent d’un mode de connaissance critique.

Etre capable d’être critique / à la démarche qu’on adopte, / aux choix qu’on va faire, / aux procédures d’expérimentation…

Et il faut contrôler les méthodes qui vont amener à la validation du savoir, il faut justifier.

Ce n’est pas si facile car chaque science construit sa propre démarche et ses propres modes de validation, en construisant son propre savoir.

Les opérations de vigilance scientifique sont spécifiques à chaque science.

 

2) La relativité des fondements scientifiques, car en science, rien n’est totalement absolu.

Pour chaque science il existe des présupposés, c’est à dire une vision des choses ou un ensemble d’idées qu’on va admettre préalablement aux constructions théoriques.

En effet chaque science est un modèle de pensée : arithmétique, géométrie, psychanalyse, biologie… reposent sur des axiomes : des notions premières admises sans démonstration.

Ex en maths : les nombres entiers relatifs.

Un consensus sur des bases…établies de façon durable mais pas immuable : ça dynamise l’esprit critique. Toujours chercher si ce qu’on est en train d’affirmer ne peut pas être contesté.

 

Il est nécessaire lorsqu’on utilise des courants en sociologie d’être conscient des présupposés des modèles qu’on utilise. En choisir un ou deux, ne pas tous les croiser…

 

En psychanalyse, on présuppose l’existence de l’inconscient ; c’est construit, mais ça n’est pas prouvé in fine.

En physique, on « présuppose » la gravitation avant de trouver des lois.

Chaque fois qu’on avance dans les découvertes, ça confirme –ou pas – les présupposés.

 

Pour la constitution des sciences humaines, on les différencie des sciences dures :

¨       Les sciences dures se rapprochent des sciences de la nature : maths, bio, zoologie, botanique, physique…procèdent par quantités : des sciences observables. Cherchent à établir des lois qui rendent compte des phénomènes naturels.

¨       Les sciences humaines et sociales se situent dans le sillage d’une tradition d’enseignement : « les humanités » : langues, cultures, civilisations…

Psycho, socio, anthropologie, ethno, histoire, linguistique, etc…

On distingue les sciences humaines des sciences de la nature, parce qu’il est difficile de cadrer les activités humaines ou les activités de l’esprit par des lois intangibles, et surtout parce que l’administration de la preuve pose de gros problèmes ; du fait que le matériel examiné, c’est l’homme, donc a forcément un caractère subjectif.

Il y a des façons de tenter de faire la preuve dans le domaine des sciences humaines, qui vont garantir leur scientificité.

Mais tous les adeptes des sciences dures ont tendance à dire que les sciences humaines ne sont pas des sciences.

 

A l’intérieur des sciences humaines et sociales, il y a quand même une différence entre les sciences de la nature et celles de l’esprit ; il existe des modèles de pensée qui vont s ‘inspirer des sciences de la nature (Durkheim) et d’autres du côté des sciences de l’esprit (psychosocio).

 

Les tableaux distribués :

Certains auteurs sont sur les deux tableaux, ça dépend comment on les prend. Ex : Mauss et Weber.

 

Le constructivisme : rien n’existe en tant que tel, les choses existent par la pensée (cf Kant).

Ex : les problèmes sociaux, sont portés, construits, au niveau médiatique, politique.. ; la délinquance juvénile…

 

Quelles différence entre les sciences humaines et les sciences sociales ?

Les sciences humaines : le subjectivisme, les sciences de l’esprit

Les sciences sociales : prennent plus modèle sur les sciences de la nature.

 

 

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