Accueil Liens Calendrier 2004 Calendrier 2005 Calendrier 2006 Calendrier 2007

UE1

27/01/05

 

P. SEMENOWICZ

 

 

INTRODUCTION AUX SCIENCES ECONOMIQUES – 3 –

 

 

 

 

 

Suite du Chapitre II « Les théories économiques du marché du travail », et du

1)      La théorie néoclassique :

 

Une objection à la théorie néoclassique : avec autant de chômeurs, ça serai étonnant qu’ils soient tous « chômeurs volontaires ».

 

La « nouvelle économie du travail » :

-          se développe à partir des années 70

-          se situe dans le prolongement de la théorie néo-classique

-          cherche à justifier la rigidité à la baisse des salaires (à expliquer pourquoi le salaire ne pourrait pas baisser).

 

Il y a 3 théories :

1)      La théorie de la recherche d’emploi (job search) E PHELPS en 1970 :

Avant d’accepter un emploi, le chômeur effectue une comparaison entre la rémunération proposée et l’allocation qu’il perçoit. Si la différence n’est pas assez importante, le chômeur refuse de travailler.

La rigidité des salaires à la baisse s’explique par l’existence des allocations de chômage > supprimons les allocations de chômage.

C’est un discours libéral, qui inspire les politiques de l’indemnisation du chômage.

(Les sociologues considèrent que l’emploi n’est pas seulement une rémunération, il y a aussi de la reconnaissance…)

 

2)      La théorie du salaire d’efficience : STIGLITZ (1974) J YELLEN (1984) (dates de leurs écrits)

Le salarié module son effort au travail en fonction de la rémunération. Plus il est payé, plus il travaille efficacement, et inversement.

Ø      le chef d’entreprise doit proposer des salaires un peu au dessus du salaire d’équilibre pour motiver ses salariés. Ca entraîne aussi une rigidité à la baisse, mais qui vient des entreprises, pas des salariés.

Ø      Ca entraîne du chômage, mais les salariés ne peuvent pas dire qu’ils travaillent pour moins, car les chefs d’entreprise, objectivement, n’y ont pas intérêt.

Ø      C’est un chômage involontaire –mais pas du fait de la mauvaise volonté des chômeurs.

 

3)      La théorie insider/ outsider : LINDPECK et SNOWER (88) ;

La population active est scindée en deux groupes :

-          les insiders : ceux qui ont un emploi (les actifs occupés)

-          les outsiders : les chômeurs – qui sont en dehors de l’entreprise.

Normalement, les outsiders ont intérêt à proposer un salaire plus bas pour entrer dans l’entreprise. Mais les insiders et les employeurs n’y ont pas intérêt.

Recruter, ça a un coût : formation, licenciements…

Les insiders et les syndicats disent ça vous coûterait plus cher d’embaucher que de nous augmenter.

Ø      les chômeurs sont lésés et coincés ; ne peuvent pas agir. > du chômage involontaire.

Dans cette logique, les gêneurs sont les syndicats.

Thatcher et Reagan ont commencé par ça : s’attaquer aux syndicats.

 

Ces théories se présentent comme de la science, mais c’est plutôt du maquillage, de la justification du libéralisme.

(les deux dernières ont une dimension un peu keynésienne).

 

LA THEORIE KEYNESIENNE :

 

John Maynard KEYNES : a écrit « La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » en 1936.

C’est un anglais, a écrit après la crise de 29 aux USA qui s’est propagée en Europe. C’est une manière de répondre à la crise de 29.

En Grande Bretagne après la crise, on a appliqué une politique d’inspiration néo-classique : on a baissé les salaires. Mais le chômage ne baissait pas, il augmentait ; Keynes observe cela et remarque qu’il y a un problème.

 

·         D’abord il fait une critique de la théorie néo-classique :

La baisse du salaire entraîne une baisse du pouvoir d’achat, qui entraîne une baisse de la consommation, donc une baisse des débouchés des entreprises, qui vont donc supprimer des emplois, donc hausse du chômage, ce qui est contraire à l’effet escompté.

On arrive à un cercle vicieux auto-entretenu.

Les néo-classiques voient le salaire comme un coût ; Keynes voit le salaire comme un revenu : le salarié est un consommateur qui participe à l’activité économique.

 

·         Ensuite Keynes propose sa propre théorie :

 

Voir le schéma : on peut le lire dans les deux sens :

En partant du bas, le niveau de l’emploi dépend du niveau de production globale (et non du coût du travail)

La production dépend de la demande effective (donc la demande anticipée par les entreprises : elles ne savent pas à priori combien elles vont vendre, elles sont obligées de faire des prévisions).

Cette demande dépend

-          de la demande de consommation – ce que les ménages achètent

-          de la demande d’investissement : les achats d’une entreprise à une autre entreprise.

 

La consommation :

Dépend du revenu.

Et de la propension à consommer (différente de la propension à épargner) ; celle-ci est liée au moral des ménages.

Le pessimisme entraîne une tendance à l’épargne

L’optimisme entraîne une tendance à consommer.

Au niveau macro-économique, ça fonctionne comme ça . (l’épargne a augmenté dans les années 80, a diminué dans les années 90, remonte depuis…)

 

L’investissement : (concerne les entreprises)

Avant d’investir, le chef d’entreprise compare le rendement escompté des investissements et le taux d’intérêt (ce que lui coûte l’investissement s’il emprunte).

Le taux d’intérêt dépend de la politique monétaire (offre / demande de monnaie).

Avant en France cette politique appartenait à l’état. Depuis l’indépendance de la Banque de France et le passage à l’euro, appartient à la Banque Centrale Européenne.

 

Pour les libéraux, le but de la banque Centrale est d’éviter l’inflation ; en augmentant les taux d’intérêts, entraîne une stabilisation des prix. (l’inflation défavorise ceux qui ont un capital).

(le taux d’intérêt réel = le taux d’intérêt nominal diminué du taux de l’inflation ; de ce fait, il était plus faible avant 80 qu’après, contrairement aux taux nominaux).

Keynes, lui, dit que le but d’une banque centrale ce n’est pas seulement de contenir l’inflation, c’est aussi de soutenir l’activité économique.

A l’heure actuelle, les états européens sont privés d’un outil d’intervention.

 

Le rendement escompté des investissements : le chef d’entreprise ne le sait pas précisément, il l’évalue…Cela dépend des perspectives de l’économie : extrêmement vague ; dépend du moral des entrepreneurs…

 

Chez Keynes, le chômage ne dépend absolument pas du coût du travail. Il dépend des décisions des entrepreneurs, de leur anticipation, de la demande effective.

Si les anticipations sont pessimistes, le niveau de l’emploi est faible ; et inversement.

Tout dépend des entrepreneurs ; la consommation ? pas de la consommation réelle, mais celle qu’ils anticipent.

 

Le mini-boom économique des années 90 : il y avait la confiance dans les nouvelles technologies.

Le chômage selon les keynésiens est dû au pessimisme excessif des entrepreneurs.

 

La Bourse : la spéculation prend le pas sur les faits réels – alors que son but premier est de permettre l’investissement des entreprises.

(Question sur les marchés financiers : de quand date la bourse ? de 1867, création de la SA en France ?

Dans la théorie néo-classique, la monnaie est un voile, un accessoire : on n’arrive pas à y intégrer les marchés financiers. Les théories keynésiennes développent mieux des théories sur les marchés financiers, moyen d’un nouveau capitalisme, entre les capitalistes et les salariés ; des taux de profit à deux chiffres :la redistribution des dividendes gêne l’investissement des entreprises.)

Le marché c’est censé être la concurrence mais les acteurs passent leur temps à éviter la concurrence –par des fusions…

Tendance : à ce que les revenus de la propriétés augmentent en proportion dans le PIB – mais ne concerne pas tous les ménages !

 

Ce que montre également Keynes, c’est que le fonctionnement du marché ne garantit pas le plein emploi.

 

Ø      Les implications en terme de politique économique : pour les keynésiens, il faut que l’état intervienne. (contrairement aux néo-classiques.)

 

Les politiques de relance :

Les pouvoirs publics peuvent intervenir à trois niveaux :

 

1)      La politique monétaire : dite extensive, consistant à baisser les taux d’intérêt. donc les projets d’investissement peuvent être rentables, et relancer, créer des emplois.

(les keynésiens voient d’un très mauvais œil l’indépendance de la banque de France, puis de la BCE ; il y a des conflits entre des chefs d’état et la BCE…qui est indépendante !)

 

2)      La politique budgétaire (à laquelle Keynes attribue un rôle moins important)

Lorsque l’investissement des entreprises n’est pas assez élevé, l’état s’y substitue, par des politiques de grands travaux. (autoroutes, >chantiers aux entreprises privées…)

Multiplicateur d’investissement : une petite dépense publique va provoquer beaucoup d’activité économique.

 

3)      La politique de redistribution (en fait, des écrits des successeurs de Keynes)

(Keynes s’est focalisé plus sur l’investissement, d’autres se sont tournés plus vers la consommation).

Si on fait des prélèvements fiscaux sur les riches (qui épargnent) pour redistribuer aux pauvres, -qui consomment : entraîne une relance de l’activité, de l’emploi…

 

Les keynésiens ne parlent pas d’augmenter les salaires.

Les syndicats s’inspirent des théories keynésiennes pour demander des hausses de salaire.

 

 

Chapitre III

LES MESURES GENERALES EN FAVEUR DE L’EMPLOI

Ou les politiques effectivement mises en place –en France.

 

Il y a des mesures qui ont pour but de favoriser l’emploi au niveau de l’ensemble de l’économie, pour tous les publics (niveau général)

Ce qui est différent de la politique de l’emploi : des mesures destinées à ramener les chômeurs vers l’emploi (un public cible).

Ces mesures sont inspirées directement des théories vues précédemment : néo-classiques et keynésiennes.

 

Au début, on a essayé de stimuler l’emploi par des politiques macro-économiques (après le premier choc pétrolier) : des politiques de relance…On n’agit pas directement sur l’emploi, mais sur des variables qui agissent à terme sur l’emploi.

Après : on a mis en place des actions directes sur le marché du travail.

 

I Des politiques macro-économiques aux actions directes sur le marché du travail :

 

Les politiques macro-économiques :

Pendant les 30 glorieuses la recherche du plein emploi passait essentiellement par les politiques macro-économiques.

On pensait avoir résolu les problèmes économiques. Le taux de chômage était quasi nul, grâce à des politiques d’inspiration keynésienne ; (on pensait que c’était la bonne politique). Il y avait hégémonie de la politique keynésienne.

 

Au 1er choc pétrolier, il y a eu crise économique ; on a appliqué la politique keynésienne : des politiques de relance.

 

1974 :Plan de relance « Chirac », alors 1er ministre et keynésien :

·         Un fort investissement public : des grands travaux, la modernisation du réseau téléphonique, des moyens aux collectivités locales pour des équipements…

·         Des aides fiscales à l’investissement pour les entreprises privées (pour des investissements réels).

Ce plan n’a pas fonctionné : le premier coup d’arrêt aux politiques keynésiennes.

 

1976 à 81 : Raymond Barre, a mené une politique de rigueur.

On a abandonné les politiques keynésiennes en même temps que les autres pays européens.

Cela n’a pas fonctionné non plus. Il y a eu hausse du chômage.

(Débat sur le diagnostic : politique de relance : dit problème de demande ; politique de rigueur : dit problème de compétitivité des entreprises, ce qui implique le long terme, la limitation des salaires, de l’inflation, des dépenses publiques…)

 

1981 : le plan de relance Mauroy.

1)      L’augmentation du pouvoir d’achat des ménages modestes pour stimuler la consommation : + 38% de hausse du SMIC entre juin 81 et mars 83. (inspiration lointainement keynésienne, qui n’a jamais proposé d’augmenter les salaires).

2)      Des aides fiscales à l’investissement des entreprises privées.

3)      La création de plus de 170 000 emplois de fonctionnaires (plus du tout du keynésianisme).

En terme d’emplois, les résultats ne sont pas du tout au rendez-vous : c’est la seule période où on a globalement détruit des emplois.

Pourquoi cet échec en terme d’emploi ?

·         Le coût des mesures est très élevé pour l’économie française. La hausse du SMIC a eu des effets assez désastreux en terme de compétitivité. Les emplois de fonctionnaires : ont représenté une hausse des prélèvements sur les entreprises…

Il y a eu des dévaluations successives du franc : il y avait un tel déficit public que plus personne ne croyait au franc.

·         Le soutien à l’activité économique ne s’est pas traduit forcément par des créations d’emplois en France : achats de produits japonais, de machines allemandes…

 

Des états assez petits, comme la France, ne peuvent pas se permettre des politiques de relance : il y a des fuites à l’étranger.

Accueil Liens Calendrier 2004 Calendrier 2005 Calendrier 2006 Calendrier 2007