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Annick Gascher                                                          le 23 mai 05

 

Fiche de lecture : La mémoire collective par Maurice Halbwachs

 

La mémoire collective et la mémoire individuelle.

 

Nos souvenirs sont collectifs car ils nous sont rappelés par les  autres alors qu’il ne s’agit parfois d’évènements que nous avons vécus seuls. En fait nous ne sommes jamais complètement seuls. Quand on fait une promenade, je me rattache à un groupe en pensée, celui des randonneurs, ou celui des touristes, ou celui des voisins…

Un souvenir est lié à un groupe.                                                                            

 

Si un souvenir est perdu pour nous, c’est que nous ne pouvons                pas retrouver où que nous ne faisons plus parti du groupe dans la mémoire duquel il se conservait. Ainsi pour que notre mémoire s’aide de celle des autres il ne suffit pas qu’il nous apportent leur témoignage, il faut encore que notre mémoire s’accorde avec leurs mémoires et qu’il y ait assez de points de contact entre ma mémoire et celle du groupe pour que le souvenir qu’il nous rappelle puisse être reconstruit sur un fondement commun.

Il faut que cette reconstruction s’opère à partir des données ou des notions communes de notre esprit et de ceux des autres. Il faut qu’elles passent de notre esprit à celui des autres. Ceci n’est possible que si l’on fait partie de la même société. Alors on peut comprendre qu’un souvenir peut être reconnu et reconstruit.

 

Pour l’auteur il n’y a pas de mémoire strictement individuelle. On ne se souvient qu’à condition de se replacer du point de vue d’un ou de plusieurs groupes et de se replacer dans un ou plusieurs courants de pensée collective.

 

Certains  souvenirs nous paraissent  vraiment personnels, mais ils sont en fait plus complexes. Ce sont les conditions pour qu’ils réapparaissent qui sont différentes, c’est une différence de degré.

 

Quand on se remémore le passé, les souvenirs qui arrivent le plus facilement à l’esprit sont du domaine commun, c’est ce qui est familier, et facilement accessible pour nous et les autres. Ces souvenirs sont à tout le monde.

Paradoxalement  les souvenirs dont nous nous rappelons difficilement ne sont qu’à nous. Les souvenirs qui nous concernent le plus sont ceux dont nous avons le plus de mal à évoquer. Ils  sont moins à notre portée car les groupes qui nous les apportaient se sont éloignés de nous. C’est ainsi plus difficile à retrouver. 

 

 

La rubrique   «regards sur le passé » du journal de Pierrefitte semble être de cette nature : rappeler un souvenir à des personnes qui ne seraient pas du groupe qui a vécu l’évènement. Cela fait appel à la mémoire de chacun. Cela présuppose qu’il y a un « fond commun de mémoire chez les habitants. Est-ce la réalité ?  Cela demande d’étudier le peuplement de la ville.

Quid des personnes qui se sentent étrangers,  ou qui viennent d’une autre contrée ? Ou bien est ce qu’il y a un pré supposé structuraliste derrière cette manière de faire la mémoire collective ?

 

La mémoire collective a pour support un ensemble d’hommes et de femmes mais ce sont les individus qui se souviennent.

Chaque mémoire individuelle est un point de vue sur la mémoire collective. Et ce point de vue change selon la place que j’occupe et les relations que j’ai avec les autres. 

L’apparition des souvenirs ne dépend pas de nous ou du hasard mais ce sont les milieux sociaux qui se croisent et qui font vibrer notre conscience individuelle. La succession de souvenirs s’explique par les changements de nos rapports avec les différents milieux collectifs, c'est-à-dire par les transformations de ces milieux..

Il y a un lien à chercher avec le phénomène d’exclusion 

La mémoire collective et la mémoire historique.

La mémoire autobiographique et la mémoire historique présente une opposition apparente. Pourtant l’individu participe à la mémoire individuelle et à la mémoire collective.

Il y a interpénétration.

Le fonctionnement de la mémoire individuelle nécessite des instruments : les mots, les idées  qui viennent du milieu, ce sont des points de repères fixés par la société. Chaque individu porte un bagage de souvenirs historiques qu’il peut augmenter par des conversations, des lectures,.c’est une mémoire empruntée. Dans la pensée nationale ces évènements ont laissé des traces. Il existe une mémoire intérieure ou personnelle ou autobiographique et une mémoire extérieure ou sociale ou historique. Un évènement prend sa place dans une série de faits historiques quelque temps  après qu’il ne se soit produit. C’est après coup que nous pouvons le rattacher à certaines phases de notre vie. On ne doit pas distinguer la mémoire personnelle (du cercle de notre famille, de nos amis…) et la mémoire historique ou il n’y aurait que les évènements nationaux, mondiaux..

C’est de celle la mémoire sociale, extérieure, historique , collective dont les journaux parlent.

L’histoire contemporaine m’intéresse différemment de l’histoire des siècles précédents car celle-ci vit dans ma mémoire

C’est sur l’histoire vécue (une période qui se distingue des autres) que s’appuie notre mémoire.

Ainsi par exemple un  enfant qui voit une émeute, ou une cérémonie nationale visualise différemment cet évènement. En effet, ces images peuvent trancher dans l’esprit de l’enfant par leur éclat, leur singularité. Mais ce sera la même pour des évènements non historiques. Pour que derrière l’image il perçoive la réalité historique il faut qu’il sorte de lui-même, qu’il pénètre le cercle des préoccupations et des intérêts nationaux. Il prend contact avec l’histoire. C’est sur la mémoire historique qu’il faut s’appuyer.

Les esprits communiquent les uns avec les autres dans une sorte de milieu artificiel : un temps et un espace commun, et une histoire collective.

 

Ainsi par exemple mon entrée au lycée c’est une date, et ma conscience individuelle me permet de me souvenir. Mais c’est l’attitude des adultes autour de moi qui me montre si ce fait a retenu ou non l’attention. Je me souviens car c’était dans le courant de la pensée sociale du moment.

Si c’est sur du vécu que s’appuie la mémoire, comment la faire revivre à ceux qui viennent après ?

En fait je lis cette phrase plutôt comme :c’est sur une histoire vécue  par une personne que s’appuie la mémoire ; Elle peut donc se transmettre

 

 

Les cadres  collectifs de la mémoire ce ne sont ni des dates ni des noms, ni des formules mais ils représentent des courants de pensée et d’expériences ou nous retrouvons notre passé parce qu’il en été traversé. Je retrouve là une vison structuraliste de la société.

La vie d’un enfant plonge plus qu’on ne le croit dans des  milieux sociaux par lequel il entre en contact avec un passé plus ou moins éloigné et qui est comme un cadre dans lequel sont pris ses souvenirs le plus personnels.

C’est sur ce passé que pourra s’appuyer sa mémoire.

 

Le souvenir est une reconstruction du passé à l’aide de données empruntées au présent et préparée par d’autres reconstructions du passé.

Le souvenir peut être aussi des représentations qui reposent sur des témoignages, des raisonnements.

La par du social et de l’historique dans la mémoire de notre passé est plus importante que nous le croyons. Le souvenir est une image flottante, incomplète et reconstruite. 

 

La reconstitution historique d’un évènement dont nous n’avons gardé aucune impression peut elle recréer un souvenir ?

Le souvenir est une image engagée dans d’autres images, c’est une image générique reportée dans le passé. Il n’y a pas dans la mémoire de vide absolu. En effet, quand on entre en contact avec une personne qui nous raconte des évènements auxquels nous avons participé mais que nous avions cru oublié, nous remplissons les lacunes. Ce que nous prenions pour zone vide est une zone indécise en fait .Les traces existaient mais elles étaient plus marquées dans la mémoire des autres que dans la mienne. C’est ainsi que nous reconstruisons.

Pour que la mémoire des autres vienne renforcer  et compléter la notre, il faut que les souvenirs de ces groupes aient un rapport avec les évènements qui constituent mon passé.

Chaque individu est membre de plusieurs groupes plus ou moins larges.

La mémoire historique est  une suite d’évènements dont l’histoire nationale garde le souvenir.

 

Chaque groupe se morcelle se resserre mais c’est à l’intérieur de ces sociétés que se développent les mémoire collectives.

Est-ce que le contenu des journaux ne s’apparente pas à des récits de souvenirs ? Quand des témoins sont invités à témoigner  par exemple quel part a le souvenir, et donc la construction.  Le souvenir,t la mémoire et l’histoire  quelle différence dans l’esprit du lecteur ? 

Le souvenir est plus facile a manipuler puisque c’est une construction.

Reconstruire du lien social par la mémoire demande qu’il y ait une expérience ou un passé commun ou qu’on peut « agripper »

Structuralisme.

Qu’est ce qui peut être commun si ce ne sont pas les faits eux même?

 des valeurs ? des sensations ? …

 

On peut voir une opposition entre la mémoire collective et l’histoire. En effet, le besoin d’écrire l’histoire arrive quand les souvenirs s’amenuisent et qu’il n’y a plus beaucoup de témoins pour les conserver.

 

La mémoire collective est un courant de pensée qui ne retient du passé que ce qui est encore vivant et /ou capable de vivre dans la conscience d’un groupe.

Elle est limitée au groupe.

Elle s’arrête dès que le groupe ne s’intéresse  plus ou oublie son passé. Un autre groupe se crée et une nouvelle mémoire collective peut émerger.

 

L’histoire et la mémoire :

 

L’histoire est une mais en revanche, la mémoire est plurielle.

Il n’y a pas de mémoire universelle. La mémoire collective nous l’avons déjà dit a pour support un groupe limité dans l’espace et dans le temps.

Ceux qui écrivent l’histoire regardent les changements, les différences …  l’histoire examine les groupes du dehors, et sur une longue durée. L’auteur dit «  c’est un tableau d’évènements ».

Avec la mémoire collective c’est le groupe vu du dedans sur une courte période. L’auteur dit « c’est un tableau de ressemblances ».

Cela rejoint le questionnement du départ : l’absence ou la faiblesse du lien social dans un espace donné : la commune pousse les élus a chercher à les  recréer par l’histoire ou la mémoire ou le souvenir 

 C’est aussi la notion d’identité collective

 

La mémoire collective et le temps :

 

Le temps nous intéresse dans la mesure ou il doit permettre de retenir et de nous rappeler les évènements qui s’y sont produits.

Quand nous nous rappelons un évènement il y a un cadre de données temporelles  qui se rattachent au souvenir.

Quand nous parcourons par la pensée le cadre du temps, nous y retrouvons l’image de l’évènement passé.

 

Pour évoquer un souvenir, je m’appuie sur la mémoire du groupe. Mais si celui-ci  n’existe plus.  Le groupe n’est pas un assemblage d’individus définis. Ce qui constitue un groupe c’est l’intérêt, un ordre d’idées, et de préoccupations  présents chez des individus, mais suffisamment générales et impersonnelles,  pour conserver leurs sens même si les personnalités des personnes se transforment.

Parfois, le souvenir subsiste malgré l’éloignement (du groupe) ou la mort.  C’est que outre l’attachement il y avait une pensée commune, et c’est l’élément stable qui transformait la relation de ces personnes.

La mémoire collective remonte dans le passé jusqu'à une certaine limite. Au-delà elle ne l’atteint plus. C’est cette limite que retient l’histoire.

Ce qui est le passé pour l’histoire c’est ce qui n’est plus inclus dans le domaine de la pensée des groupes. C’est comme s’il fallait attendre la disparition des groupes anciens ( la disparition de leur pensée, de leur mémoire) pour que l’histoire se préoccupe de fixer l’image et l’ordre de la succession.

Utiliser la mémoire l’histoire pour recréer du lien peut il entraîner un coté nostalgique à cause du lien temps et mémoire collective. Est il utile de chercher comment selon l’âge des personnes cette démarche des élus fonctionne ?

Les communes utilisent beaucoup les commémorations pour rappeler la mémoire en lien avec le temps

Dans un contexte imprégné d’individualisme est ce que la notion de groupe peut encore fonctionner comme à l’époque d’Halbwachs ? 

Est-ce que les journaux récréent du lien artificiel ou bien il

il permet de faire émerger des éléments anciens.

 

L’historien s’imprègne des témoignages et des mémoires écrites mais il ne peut faire son œuvre qu’à condition de se placer hors du temps vécu par les groupes

 

Les évènements se succèdent dans le temps mais le temps est un cadre immobile. Les temps sont plus ou moins vastes, ils permettent à la mémoire de remonter plus ou moins loin dans le passé.

 

C’est la différence entre histoire et mémoire.

Les élus sont sans doute plus préoccupés de faire émerger la mémoire que de transmettre l’histoire

La mémoire collective et l’espace :

 

Notre entourage matériel porte notre marque et celle des autres. Les objets rappelle la manière d’être commune à un groupe d’hommes.

En fait, les objets ne sont immobiles qu’en apparence, puisque les préférences, les habitudes changent et il arrive qu’on se lasse de tel ou tel objet, meuble comme si  les objets vieillissaient. Lorsqu’un groupe est inséré dans un espace il le transforme, mais en même temps il s’y plie, il s’adapte à des éléments matériels qui lui résistent.

 

On peut se demander comment peut on parler de mémoire collective dans une ville nouvelle.  Puisque l’espace n’est pas commun.

Les images spatiales jouent un rôle dans la mémoire collective.

En effet, le lieu a reçu l’empreinte du groupe et réciproquement.

Lorsqu’il y a nécessité ou possibilité de changement, on voit que les habitudes locales résistent aux forces qui tendent à les transformer.  Cela permet de voir à quel point la mémoire collective prend appui sur des images spatiales.

 

La valorisation des centres ville historique, du patrimoine…

Pour que la résistance se manifeste il faut qu’elle soit issue d’un groupe. Celui-ci va alors chercher à retrouver l’équilibre ancien qu’il avait et à le recréer.

Si le groupe ne s’adapte pas c’est qu’il s’est déterminé par rapport à une configuration spatiale jusqu’à en devenir partie intégrante.

Perdre tel mur, telle rue, c’est perdre l’appui de la tradition qui les recommande ; c’et perdre leur raison d’être.

 

C’est tout à fait le sens de la chronique du journal de Pierrefitte

Il existe des groupe qui n’ont apparemment pas de base spatiale

( groupe juridique, économique, religieux).

Pourtant pour les décrire on utilise des images spatiales.

Exemple : la condition juridique d’un homme peut dépendre du lieu ou il habite : le serf est rattaché à la glèbe. Le notaire, et le maire sont des personnes que la mémoire rattache avec le  droit.

La mémoire collective de déroule forcement dans un cadre spatial. L’espace est un lieu qui dure. Mais les impressions se chassent l’une l’autre. Les souvenirs peuvent demeurer dans nos esprits parce que le passé se conserve dans un milieu matériel, dans un espace.

Le droit à la propriété n’a de valeur que si la mémoire collective le reconnaît.

 

Chaque société découpe l’espace à sa manière mais une fois pour toute et suivant les mêmes lignes, de façon à constituer un cadre fixe ou elle enferme et retrouve ses souvenirs.

Pour se souvenir il faut revoir l’espace. C’est l’image de l’espace qui donne illusion de ne pas changer à travers le temps et de retrouver le passé dans le présent : c’est la mémoire.

Quid des villes nouvelles ? les habitants n’ont pas de rue, de mur pour se souvenir. A Val de Reuil on a construit un monument « mémoire et Paix » sorte de monument aux morts