Introduction au droit et aux sciences politiques 2 le 17-02-05
Les facteurs d'émergences de la science politique
I Possibilité modernes d'investigation
1-La documentation
2-Les techniques
II Les espaces de développement
III Les exigences intellectuelles
I Possibilités modernes d'investigation
1-La documentation
a) Les archives privées ou publiques
Stock de données : la documentation est constituée d'archives publiques ou privées ; la science politique s'intéresse au passé comme au présent.
Le problème des archives, ce qu'elles peuvent être plus ou moins bien tenues, plus ou moins accessibles. Le délai pour les obtenir peut être plus ou moins rapide.
L'ancien URSS a constitué un stock d'archives, notamment, celles qui été récupérées durant la guerre en Allemagne, parmi lesquelles il y avait des archives françaises. Sachant que les soviétiques sont passés maître dans l'art de la manipulation, ces archives ont-elles fait l'objet d'une manipulation ?
Une simple manipulation peut être le retrait.
A t-on connaissance de tout dans les archives ? Si l'on fait un travail d'archives, il est possible que l'on détienne seulement qu'une partie des documents.
b) La presse écrite ou parlée
La presse écrite ou parlée est une source importante de documentation. En lisant différents journaux d'époque, on peut saisir une partie de la manière dont les évènements étaient relatés. La presse écrite était plus lente. L'évènement de la prise de la bastille par exemple, a été connu 8 jours après à Marseille.
La prise de conscience de la shoah s'est effectuée dans les années 1970, et pas en 1945. Il faut donc faire attention au contresens que l'on serait tenter de faire si l'on se préoccupe pas de l'historicité des faits et de leur connaissance réelle.
c) La documentation brute
Il existe aussi la documentation brute, (mémoire, écrits de trajectoire). Il faut être vigilant à ce type de documentation, car l'auteur se met en scène et peut prendre beaucoup de place dans l'écrit. Il peut ainsi déformer la réalité à son avantage.
2-Les Techniques
a. L'enquête par sondage des opinions
Ces enquêtes sont effectuées par les instituts de sondage, dont l'objet principal est l'étude du marché. Ce principe de sondage repose sur les calculs des lois de probabilités dégagées dès le XVIIème siècle par Pascal et Bernouilli.
Il s'agit d'effectuer une mesure sur une partie d'un ensemble (l'échantillon), à partir duquel il sera possible de fournir une information sur l'ensemble lui même en indiquant la marge d'erreur possible.
Il faut prendre en compte plusieurs éléments dans la construction de l'enquête :
Échantillon représentatif :
La question est de construire cet échantillon représentatif quantitatif ou qualitatif, qui devra répondre à des critères très précis.
La construction d'un questionnaire
La tendance est souvent de faire la réponse avant de poser la question. Il faut donc pouvoir croiser les questions pour éviter l'orientation des questions.
Exemple : la mesure de l'antisémitisme
Pensez qu'il y ait trop de juifs dans les médias ? Cette question ainsi formulée peut permettre à des personnes de répondre négativement à cette question, alors qu'ils auraient pu fournir une réponse plus nuancée
La formulation d'une question au mot près, peut avoir une incidence sur la réponse.
Il faut donc faire attention à la manière dont la question est formulée.
Comment le questionnaire est présenté, s'agit de questions ouvertes ou fermées, [ou cela se passe t-il ? Dans la rue, au téléphone, Quand ? le jour l'heure. Le choix du lieu ou du moment peut influer sur la qualité de la réponse
Il y a des questions qu'il ne sera pas possible de poser alors même que les réponses auraient été intéressantes à dépouiller, et nécessaires pour pouvoir travailler à contrario sur l'opinion dégagée, notamment a propos des enquêtes sur le racisme, ou tout sujet délicat à traiter.
L'administration du questionnaire :
Qui pose la question et pour quel sujet ?
Sur la personne sondée, la réponse peut être déformée en fonction de la qualité de la personne et en fonction de ce qu'on attend qu'elle réponde, contrainte par des prises de positions du groupe d'appartenance à laquelle elle correspond
b L'enquête sur le terrain
Il s’agit d’observer un objet qui va rester dans son environnement, dans son quotidien pendant toute la durée de l’investigation.
Problème méthodologique : celui de notre statut.
Le statut de l'enquêteur :
Observateur extérieur ou observateur participant
Du fait de la position et de la qualité de l'observateur les réponses ne pourront pas être tout à fait "intègres"
c-L'expérimentation :
Introduction d'un variable de manière volontaire dans un milieu donné pour en voir les effets produits et les mesurer.
d-Interviews approfondis :
Empruntés à la psychologie, effectués avec des guides d'entretiens qui pourront avoir lieu plusieurs fois, notamment pour s'assurer de la réponse.
II-Les espaces de développement :
L'indépendance : un politologue se doit d'être indépendant par rapport aux appareils de pouvoir.
Les institutions en France : 3 types
Institut d'études politiques de Paris - Sciences po
Les universités et le CNRS
Associations françaises et internationales
III-Les exigences intellectuelles
1) le refus des arguments d'autorité ou l'on doit constamment se soumettre au faits, il est nécessaire de maîtriser un outillage conceptuel associé à des approches méthodologiques. Pour éviter d'accepter l'argument tel qu'il se présente il faut pourvoir l'analyser. L'analyse du discours intrinsèque[1] (structuration du discours, analyse littéraire comme la fréquence des mots...) et extrinsèque [2] (qui produit, à destination de qui)
2) le traitement statistiques et mathématique
Analyse quantitatives, Etude typologique, la théorie des jeux, échelle attitude et la construction de modèle.
Ex : la théorie des jeux : situation dans laquelle plusieurs acteurs ont à prendre des décisions dont dépendent des résultats qui les concernent tous.
Il existe trois domaines principaux :
a)La formation des coalitions politiques
b)La stratégie électorale
c)Les modèles de relations internationales : Evaluer les réactions des autres pays (dissuasion nucléaire)
Chaque acteur a le choix entre deux stratégies : agressive A ou conciliante B
Pour le premier acteur, la situation la plus avantageuse est A, ce qui entraîne la réaction B de la part de l’autre. L’hypothèse la plus redoutable est que si je choisit B et que l’autre choisit A, je perds tout. La situation rêvée est B/B.
Le choix à faire est donc A : c’est la politique étrangère de l’Allemagne nazie.
Ce type d’analyse préside sur les relations internationales.
3) Réflexion sur les sondages
L'idée du sondage s'est imposée comme un besoin. Il est au centre des commentaires des médias, il a un effet sur la dynamique d'une campagne électorale mais pas directement sur l'électorat. La campagne peut par contre influencer le vote de l'électeur, à posteriori quand le résultat du sondage est connu.
Il ne semble pas possible de projeter un résultat de sondage comme étant la réalité de ce qui va se produire, car le jour J, l'électeur peut avoir un vote différent de ce qu'il avait exprimé. On constate de plus en plus que l'électeur se décide dans les derniers jours, voire dans les dernières heures précédant l'élection.
L'art de sondage est faire exprimer une opinion sur, à priori, des sujets où l'on n'a aucune opinion.
L'opinion est faite de forces et de rapports de force.
Entre deux tours électoraux, le sondage construit une opinion (Bourdieu). Au moment de l'élection le sondage retrouve sa validité car le résultat de l’élection est lui aussi aléatoire. C’est une fiction, une construction.
Toutes les opinions n'ont pas la même valeur sociale
L'opinion publique
La première conception est une position individualiste.
Les électeurs, isolés les uns des autres, choisissent librement parmi une offre de représentants et de programmes.
La deuxième valorise l’engagement politique. Elle considère que l’opinion est plus que l’addition des opinions individuelles. Les mouvements sociaux interviennent.
Ces deux points de vue sont légitimes, mais ne sont pas forcément pertinent au même moment de la vie politique.
En politique, toute forme qui écarterait certaines populations serait inacceptable.
L'accélération des rythmes de la production de sondages pose problème. La fréquence devrait se faire a intervalle réguliers, amis pas tous les jours. Il ne peut y avoir de changement notable d'un jour à l'autre.
Le sondage perd de sa valeur car :
ü il y a une augmentation du nombre de personnes qui refusent de répondre.
ü on constate que ce sont ceux qui ont le plus de diplôme qui répondent donc ceux qui ne se prononcent pas sont ceux qui ont le moins de diplôme. Les personnes diplômées sont a priori plus intéressées et sont aussi celles qui appréhendent mieux les questions politiques De ce fait tout les sondages sont biaisés ; ils pratiquent alors un redressement mais nous ne savons sur quelles base sont faites celui-ci
ü la plupart des sondages sont faites par téléphone fixe, les jeunes adeptes du téléphone portable sont donc de fait écartés de ce type de sondage