Le 2/12/04
Rappel : Dans le positivisme, l’esprit dominant est le cartésianisme.
Le mot-clé : l’explication, des rapports de causalité.
LE FONCTIONNALISME :
Il résulte d’une transformation du modèle positiviste (ils ont des points communs et des différences).
On retrouve toujours le cartésianisme, mais le modèle fonctionnaliste émerge plus de la biologie, alors que le positivisme était basé sur les maths et la physique.
La biologie a été en plein essor entre A. Comte et E Durkheim.
Le fonctionnalisme est représenté par
Emile Durkheim :
1858/1914, fin 19ème .
Le 19ème s est traversé par les notions de communauté et de lien social : Durkheim est en plein dans ces questions.
Durkheim est français, philosophe et moraliste ; fortement héritier d’Auguste Comte et du positivisme.
Ce qui l’en différencie : venant de la biologie, les questions du finalisme et des causalités.
(est-ce l’organe qui crée la fonction ou la fonction qui crée l’organe ?)
Se pose une question : comment une nation peut-elle tenir ensemble ? qu’est –ce qui fait lien social ?
Le contexte : le siècle qui succède à la révolution, (des bouleversements), le siècle du machinisme.
Durkheim reprend le modèle biologiste de la fonction, de la finalité, il reprend les métaphores vitalistes de la biologie.
Ce modèle a en commun avec le positivisme de se questionner sur la totalité de la société.
Et de se vouloir objectif et rationnel : donc avec des méthodes statistiques et quantitatives dans la recherche.
Les différences : le fonctionnalisme va s’interroger sur la fonction de telle ou telle institution ; à quoi sert-elle ?
Dans « La division du travail social » (1893) Durkheim écrit que son époque voit se transformer le lien social par la transformation industrielle de la société.
La société serait passée de liens sociaux ou solidarités mécaniques à des relations organiques.
Un auteur allemand précédent, Tönnies, avait déjà opposé « gemeinschaft » à « gesellschaft » :
Schaft : relations ; gemein : âme ; > relations de communauté, de voisinage ;
Gesell : commerce, boutique, société.
Oppose des solidarités mécaniques, de village, de proximité, affectives, à des solidarités organiques (de fonction : on a besoin les uns des autres).
L’opposition communauté/société : c’est son point de départ.
Durkheim va plus loin et se pose la question de la conscience collective.
Dans « Les formes élémentaires de la vie religieuse » (1912) , il écrit que ce qui établit la conscience collective, ce sont des valeurs partagées, ou une culture partagée.
« La culture, ce sont des façons de faire, de dire et de penser partagées ».
Dès que l’on dit valeurs, on pense religion, surtout au 19ème siècle.
Durkheim s’interroge donc sur le fait religieux, ; étudie la religion ; essaie d’élaborer une théorie générale de la religion.
Qu’est ce qui fonde ces croyances et ces valeurs partagées ?
Il va jusqu’à étudier les formes les plus primitives, élémentaires, de religion (le totémisme)
Le résultat de son analyse est qu’il n’y a pas de Dieu qui justifie le fait religieux.
Les religions ne sont pas fondées sur dieu mais sur le besoin des sociétés de croyances partagées, pour tenir ensemble.
(Toute la question du besoin est toujours fonctionnaliste).
« Les sociétés sont des machines à fabriquer les dieux » (ou ce qui y ressemble : drapeaux, argent…)
De la religion, on passe à l’ensemble des institutions d’une société, qui sont les outils de sa conscience collective.
Ce qui fait tenir une société ensemble : les contraintes sociales, la morale collective, soutenue par le droit, les normes sociales –qui s’opposent à l’ensemble ; contrairement à l’éthique, plus individuelle.
Dans « Education et société », il dit que l’éducation a pour but de transmettre aux enfants l’ensemble des normes et contraintes de la société, pour qu’il puisse s’y adapter et y entrer.
(le contraire de Piaget qui prône l’autonomie).
Cette pensée pourrait paraître très statique ; Durkheim s’en défend, disant que même s’il y a transmission, il y a évolution, dynamisme…
« Le suicide »
en 1897 : le meilleur ouvrage, le chef-d’œuvre de Durkheim, très révélateur de cette hypothèse fonctionnaliste.
Il définit le suicide : « toute mort qui résulte médiatement ou immédiatement d’un acte positif ou négatif, accomplit par la victime elle-même en connaissance de cause ».
Pourquoi s’intéresse-t-il au suicide ? Parce sue c’est l’acte le plus privé qui puisse exister.
Donc s’il peut montrer que cet acte lui-même est déterminé par l’état de la société, cela prouve que tout est déterminé par l’état de la société.
L’ouvrage est entièrement fait de statistiques, de variables…
Il définit un taux social de suicide : le nombre de suicides
la population
Il va essayer de voir les causes qui font bouger les taux de suicides ; cherche des corrélations…
Les états psychopathiques : les femmes sont plus folles et se suicident moins,
Les hommes sont moins fous et se suicident plus.
Les catholiques se suicident moins que les protestants.
Alcoolisme : pas de corrélation ;
La race ou l’hérédité : il prend l’Autriche où il y a des germaniques, des celto-romains et des slaves : pas de corrélation, mêmes taux de suicides.
Les célibataires se suicident plus que les gens mariés.
Les gens mariés avec des enfants se suicident moins que les mêmes sans enfants.
Les femmes mariées se suicident moins que les hommes mariés.
Facteurs cosmiques, le soleil ? on se suicide moins au sud qu’au nord.
Le climat ? il y a deux grands foyers de suicide : l’ile de France et la saxe et la prusse : pas le même climat.
On se tue plus au printemps ; courbes montent jusqu’en juin, redescendent jusqu’en décembre.
On se tue plus la journée que la nuit.
Par imitation, contagion ? d’après des cartes, non.
Durkheim conclut que les taux de suicide augmentent dans les sociétés qui sont en crise, en dépression, et les sociétés en expansion,
Donc dans des sociétés anomiques : sans normes sociales, sans règles, sans contraintes, dans lesquelles il n’y a plus de cadre aux projets de chacun.
(l’inverse des sociétés coercitives).
Durkheim, avec l’hypothèse fonctionnaliste, pose un regard sur le suicide, qui n’est pas faux : il y a un lien entre le suicide et l’intégration dans la société.
(Durkheim ne s’intéresse pas à la question de la singularité de chaque homme).
Le modèle fonctionnaliste est beaucoup utilisé par les anthropologues et les ethnologues. (Malinowski)
Le rapport au sacré, à l’alimentation, à la guerre…vous le rapportez à l ‘ensemble.
Chaque élément de la culture concourt au fonctionnement du tout :
Cela va donner le structuralisme.
Talkott PARSONS : un fonctionnaliste.
Quand on étudie la famille, le père pourvoyeur, la mère qui transmet la culture…c’est encore fonctionnaliste.
Toute la théorie des rôles (la famille pour le fonctionnement du tout…)
La systémie vient de là aussi.
Modèle qui n’est pas anachronique. Mais n’est pas suffisant.
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Le marxisme est très prégnant ; les CSP : viennent de là.
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LA SOCIOLOGIE COMPREHENSIVE :
Est représentée par Max WEBER, 1864/1919 (assez contemporain de Durkheim). (« Le Capital » : 1867)
C’est typiquement un modèle qui s’est construit par opposition à d’autres, et pour répondre à des questions auxquelles les autres ne répondaient pas, à savoir la question des comportements individuels.
Il est aux antipodes des deux précédents :
Ø le positivisme et le fonctionnalisme sont dans l’explication
Ø Weber et la sociologie compréhensive sont dans la compréhension.
Dilthey dit « les sciences humaines comprennent les phénomènes, les sciences dures expliquent les phénomènes », ce qui est une vision dualiste.
Depuis, on a eu un retour des « monistes » : qui considèrent que dans chaque science, il y a une partie explicative et une partie compréhensive. Durkheim et comte considéraient qu’il n’y avait qu’une seule façon de faire de la science, en physique comme en sciences humaines.
Weber admet qu’en sciences humaines, on est dans la subjectivité. L’individu, la compréhension, la subjectivité.
Comprendre : être devant une réalité complexe.
Le modèle de Max Weber a aujourd’hui un écho important ; c’est logique vu que nous sommes dans une société individualiste…
Le contexte :
Max Weber est allemand. La société allemande est assez différente de la société française.
La sociologie allemande est assez importante (Ecole de Francfort).
Les sociologues allemands s’inspirent de la philosophie, de l’histoire et de l’économie : de sciences humaines, pas du cartésianisme.
Max Weber est né en 1864 d’une famille d’industriels, politiques de droite.
Il étudie le droit, l’histoire, l’économie, la philo et la théologie. Il est protestant.
Ecrit :
1904/05 : « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme »
1913 : « Essai sur quelques catégories de sociologie compréhensive »
1916/17 : « Une sociologie de la religion »
1918 : « Le savant et le politique »
1919/20 : « Une histoire économique générale »
1925 (posthume) : « Economie et société ».
les héritages de Weber :
Ø La phénoménologie : Philosophie qui s’intéresse à la conscience de soi, au sujet, à l’intériorité, et donc à la subjectivité, et aux visions du monde des individus.
(Hegel, Hussel, Heiddeger, puis Sartre, Merlo-Ponti, Ricoeur : philosophie du droit)
On ne s’intéresse plus au sujet qui perçoit, mais à la façon dont il perçoit. (nous transformons ce que nous voyons).
On s’intéresse à un certain relativisme ; on est d’accort sur le fait que chacun porte un regard qui a une part de vérité.
Ø La sociologie formelle : Georges Simmel, allemand, précède Weber.
S’intéresse aux formes (de pouvoir, d’autorité…) que prennent les rlations entre les individus ; à ce qui se voit.
Ø la sociologie historique : Oppenheimer
Replace toujours les faits sociaux dans leur contexte historique ; et si ça ne s’était pas passé comme ça ?
Max WEBER :
- « Le savant et le politique » : fait une distinction entre les deux, on ne peut pas être les deux à la fois.
Le temps du savant est plus long, plus distancié, le temps du politique est celui de l’action.
(NB : c’est la même différence qui existe entre la démarche d’action du travail social et celui de la recherche (DSTS)) ;
- L’idée de Weber : il faut comprendre les actions des individus, soit par l’empathie, soit par un raisonnement rationnel qui permet de comprendre.
Toute la compréhension des comportements humains tient dans le raisonnement que les individus ont un rapport aux valeurs.
Pour Weber, sont premiers les valeurs, le jugement de valeur, le rapport aux valeurs des individus.
Il établit une typologie des comportements des individus par rapport aux valeurs :
1) des actions rationnelles par rapport aux valeurs ; des actions qui pourront toujours s’expliquer par un rapport aux valeurs.
Ex : un pacifiste ; l’éthique de la responsabilité…
2) des actions rationnelles par rapport aux buts, qui peuvent s’expliquer par rapport aux buts. « La fin justifie les moyens » : ex : un pacifiste qui en passe par une action violente, pour obtenir la paix…
3) des actions affectives ou émotionnelles. Ex : donner une claque à un enfant qui a manqué de se faire renverser (réaction de peur)
4) la tradition : c’est aussi un mode de compréhension.
Les comportements humains ont une série de causes…
Weber part des individus, et remonte, arrive à la société, à du plus large.
Weber construit intellectuellement un idéal-type : c’est une caricature, qui réunirait l’ensemble des caractéristiques d’un phénomène.
Par exemple, un capitalisme qui réunirait toutes les caractéristiques des capitalismes.
Et après, il mesure les écarts entre le capitalisme de l’Allemagne de la fin du 19ème et l’idéal type.
Pour Weber, ce qui est premier ce sont les valeurs (c’est de là qu’il part), elles expliquent tout et elles déterminent les systèmes économiques.
(à l’inverse de Marx pour qui les infrastructures, le système économique déterminent les superstructures, les idéologies).
Weber écrit « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ».
Weber est du côté de l’éthique, pas de la morale. C’est ce qui l’oppose à Durkheim.
Durkheim se préoccupe de morale, de normes sociales, de droit ; la contrainte sociale fait société.
Weber est pour le rapport individuel aux valeurs.
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