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UE1

25/11/2004

 

MODELES D’INTERPRETATION – 1- Voir le 2

 

 

B. .

 

 

Introduction :

Pourquoi passer tant de temps autour des courants théoriques ?

Dans toutes les sciences, l’objectif est de comprendre la réalité (une connaissance qui n’est jamais terminée).

En sciences sociales, on bâtit des constructions intellectuelles (des modèles théoriques) qui permettent d’interroger une partie de la réalité. (représentation sur un schéma : différents champs éclairent la ligne de la réalité, en se croisant + ou -)

A l’inverse du journaliste qui se colle à la réalité, la décrit, fait éventuellement un peu d’analyse.

Chaque modèle embrasse une partie de la réalité, par un regard porté.

A un certain moment, ce regard devient insuffisant ; on s’aperçoit de tout ce à quoi il ne répond pas :

            Il y a un milieu intellectuel qui produit un nouveau modèle théorique.

 

Il existe aussi des bricolages d’un modèle théorique : au bout d’un moment, on est dans un nouveau modèle.

 

            Epistémé : une façon de penser, un modèle théorique qui traverse toutes les disciplines.

 

Ex : le structuralisme a traversé toutes les disciplines dans les années 60 (jusqu’aux « ensembles » en maths) ; dans la transversalité.

Le grand théoricien de l’épistémologie c’est Michel Foucault.

 

            Paradigme : terme (au sens proche) employé par Thomas Kühn; désigne un modèle d’approche théorique de la réalité sociale, en lien avec une communauté scientifique qui le produit.

Le paradigme dominant de notre époque c’est la complexité, l’irréversibilité, le chaos.

 

Ce n’est jamais un hasard si cette communauté scientifique surgit à ce moment. On peut toujours faire le lien entre l’analyse scientifique et l’état de la société à un moment.

C’est la démarche de faire la généalogie du modèle.

Les liens peuvent être d’ordre :

-    politiques

-    économiques (le libéralisme économique produit des modèles)

-         techniques ou technologiques ( ex : les sciences cognitives, c’est parce qu’on est capable d’investiguer dans le cerveau)

-         scientifiques…

En ce moment, l’histoire est en pleine expansion ; produit des modèles théoriques.

Autre exemple : au 18ème siècle, le grand homme c’est Newton, grand savant reconnu. > diffusion d’un modèle, le positivisme, venu de la physique.

 

Chaque modèle est aussi produit par une philosophie sous-jacente, des présupposés. Il y a un lien entre les sciences sociales et la philo.

Par ex l’opposition entre la vision de l’homme maître de son destin, et l’homme déterminé par la société : chacun de ces présupposés induit une façon de voir les rapports entre  individu et société.

 

L’idée de généalogie :

Il n’y a pas de génération spontanée d’un modèle théorique. Il y a une histoire, des héritages, des transformations, des liens, des oppositions entre les modèles.

 

En sciences sociales, on peut caractériser des époques, où il y a une façon de considérer les rapports entre individus et société :

-         Au 18ème s, l’ensemble des sciences sociales est dominée par l’idée de contrat social. (preuve qu’une idée est dominante : ceux qui ne l’utilisent pas s’en expliquent.

-         Le 19ème s est dominé par la question de la communauté et du lien social.

(on est au lendemain de la révolution et on s’interroge sur ce qui fait tenir ensemble une société ; montée de l’idée de nation)

-         Au 20ème s, les sciences sociales sont dominées par la notion d’acteur, d’individu. Les individus jouent    sur des scènes différents ; image de la dramaturgie. (Bourdieu dit : je ne parle pas d’acteur, je parle d’agent).

 

Ces modèles ont été successifs (des moments où ils ont émergé) mais aujourd’hui on en est encore héritiers ; ils sont à notre disposition.

 

PLAN :

 

I Le positivisme :

Représenté par Auguste Comte ; 18ème, début 19ème. Inspiré par le développement du machinisme et de la physique. En France.

 

II Le fonctionnalisme :

A été le mieux formalisé par E Durkheim ; c’est un positivisme transformé.

 

III Les modèles issus du marxisme : (le marxisme n’est pas un modèle amis une philosophie qui est devenue une idéologie).

Pierre Bourdieu.

 

IV La sociologie compréhensive :

Max Weber, allemand. S’intéresse à la compréhension du comportement des individus (on va plus entendre du discours que des statistiques).

On y revient au 20ème s.

 

(France : cartésianisme, mathématiques…Allemagne : philo, histoire, économie : on ne fait pas les mêmes sciences sociales dans les 2 pays. En France, la socio= des statistiques.

Nous on travaille avec les modèles européens ; il y a d’autres modèles théoriques, aux USA, en Amérique latine…)

 

V Le structuralisme :

Années 60/70 : un raz de marée. Lévy Strauss, anthropologue. Vient du développement de la linguistique.

 

Des modèles plus contemporains :

-         L’individualisme méthodologique : Raymond Boudon ; par rapport à la scolarité : dit qu’il y a des choix individuels des familles.

-         Les théories de l’acteur. Crozier : « l’acteur et le système ». croisement…

-         Le courant pragmatique : on écoute ce que disent les gens et on le prend comme matériel sociologique (on ne fait plus d’enquêtes). Paul Ricoeur, philosophe, en est l’instigateur ; herméneutique.

-         Aux USA, l’ethno- méthodologie ; l’interactionnisme.

 

Trajectoire : de la pensée religieuse, à la pensée politique, puis sociologique.

 

La sociologie est assez récente ; A. Comte, les sciences morales. Durkheim : la sociologie.

 

Jusqu’au 17ème s, toute explication est religieuse. Le gouvernement est de droit divin, l’administration est religieuse (les paroisses…).

Au cours du 16ème s, on voit émerger le début d’une organisation laïque, et le début d’une pensée politique.

 

Machiavel : (1498/1513, conseiller de la république de florence, de Laurent de Médicis)

Ecrit Le Prince en 1513. Même s’il pense que la légitimité du pouvoir vient de Dieu, il commence à réfléchir à autre chose ; il faut asseoir un pouvoir temporel, se faire craindre par la force…

 

Bodin : en 1576, écrit La République. Est le premier à distinguer des gouvernements despotiques, aristocratiques ou de république. (époque de Luther? )

 

Hobbes : en 1651 écrit Le Léviathan. Est le premier à parler d’un pacte volontaire et artificiel entre les hommes et un gouvernement, entre les peuples et leur souverain, pour que le souverain maintienne un certain ordre sinon, il y a guerre. Hobbes défend toujours une monarchie.

 

Locke : en 1690, écrit « essai pour un gouvernement civil ». a une interprétation plus libérale que Hobbes. Parle du droit à la désobéissance civile si le gouvernement n’agit pas comme le peuple l’a décidé. Prône la séparation des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif.

 

Rousseau : 1712/1778 : ses idées ont été très utilisées pendant la Révolution.

Ecrit en 1762 « Le contrat social » : le peuple est souverain. Les individus (dont il postule que seraient très bons à l’état de nature), ensemble, c’est un grand désordre -> le peuple délègue une partie de sa souveraineté à un gouvernement pour qu’il établisse l’ordre de la société.

Prône la liberté et l’égalité (qui cohabitent un peu difficilement…)

 

Montesquieu : 1689/1755. Marque le passage du politique au sociologique.

« Les lettres persanes » : premier écrit sur la relativité des cultures.

« L’esprit des lois » : Montesquieu analyse les différents formes de gouvernement :

-         le despotisme, fondé sur la violence, la crainte, les calamités

-         la monarchie : le gouvernement d’un seul ; nécessite des lois ; fondée sur l’honneur et la hiérarchie.

-         La république : le peuple est souverain ; nécessite un petit territoire.

Montesquieu s’interroge sur le lien entre un peuple et son gouvernement : pourquoi un peuple supporte-t-il tel ou tel gouvernement ?

Une théorie des climats…

« L’esprit général » d’une société ou d’une nation : c’est l’ensemble de ses institutions, de son droit, des ses religions, coutumes, mœurs, … de son commerce et toutes les choses sociales…

            aujourd’hui on dirait une culture. En fait , c’est la sociologie d’une nation, d’une culture, d’une société.

 

Autre trajectoire : du politique à l’économique :

 

La pensée économique va se greffer sur la pensée politique, notamment avec les physiocrates : 18ème s, (1756/77) une école de pensée libérale.

Turgot, Quesnay, « ministres » des finances.

L’agriculture est encore prépondérante, les propriétaires fonciers appuient la monarchie. (y ont intérêt) .

Bernard de Mandeville : écrit « la fable des abeilles, vices privés, bénéfices publics » :

Un observateur trouve qu’une ruche est en désordre ; décide de l’organiser : la ruche périclite.

La morale : laissez chacun poursuivre ses propres intérêts et tout ira bien.

 

Adam Smith :

Ecrit en1776 : « La richesse des nations ». C’est celui qui va formaliser le mieux la pensée économique par rapport à la pensée politique. Selon lui la pensée économique est a/morale. La valeur, c’est le travail.

 

Louis Dumont : anthropologue.

A écrit « homo hiérarchicus » et « homo aequalis » ; et un essai sur l’individualisme.

L’individualisme serait venu du 18ème s. La pensée libérale, a/morale, a créé une pensée sur l’individualisme. Le libéralisme produit l’individualisme.

Il oppose des sociétés holistes (avec des hiérarchies, des castes…) à des sociétés individualistes.

 

D’une pensée politique ou économique on peut voir émerger une pensée philosophique.

 

(Economistes : Malthus ; Ricardo ; Marx…)

 

On arrive à la révolution. Premier modèle :

 

LE POSITIVISME :

 

La révolution est un moment tout à fait important pour la société et pour la pensée. La société est bouleversée (abolition des privilèges…).

Une certaine industrialisation engendre de la misère sociale.

Les intellectuels vont s’opposer entre des conservateurs (De Bonald) et des transformateurs, réorganisateurs (A Comte).

 

Auguste Comte : 1798/1857.

Est issu d’une famille catholique, monarchiste ; mais lui a très tôt des idées révolutionnaires. A fait des études polytechniques. Va collaborer à des publications industrielles et scientifiques.

Cherche comment réorganiser la société au lendemain de la révolution, (il ne prend pas distance)par le volontarisme, le positivisme.

Il dit qu’il va produire un catéchisme positiviste, et qu’un jour il prêchera le positivisme à Notre Dame.

Parle des sciences morales et politiques.

(à la fin de sa vie, a été interné + fait TS…)

 

Il fait d’abord le constat que son époque est à un moment de crise ; il y a conflit entre deux systèmes :

-         l’ancien régime, dominé par les religieux et les militaires

-         le système industriel et scientifique, qui commence à être dominé par les savants et les scientifiques.

Ecrit un cours de philosophie politique: « la loi des trois états » : la pensée humaine, les sociétés, passent par trois états :

Ø      l’état théologique : on est religieux, fétichiste et magique

Ø      l’état métaphysique ou abstrait : c’est une transition ; on va expliquer tous les phénomènes par des idées abstraites, « la nature ».

Ø      l’état scientifique : le positivisme.

Les sciences arrivent à l’état positif, mais pas toutes en même temps : d’abord les maths, l’astronomie, la physique, ensuite la chimie et la biologie ; et enfin les sciences politiques et sociales .

 

Le positivisme : est un modèle philosophique, qui consiste à ne croire que ce que l’on voit. On s’en tient à la perception.


 

 

C’est un modèle calqué sur le modèle de la physique et des maths (Newton) :

Ø      observer

Ø      faire jouer des facteurs différents pour voir les corrélations, pour chercher l’explication des phénomènes

Ø      établir une loi.

(Durkheim dira : on observe les faits sociaux comme des choses.)

On s’intéresse à la globalité de la société, pas aux individus.

On est dans l’explication (différent de la compréhension).

 

C’est un modèle moniste (unité des sciences) : il n’y a qu’une seule façon de faire des sciences, physiques et sociales.

Les principes : l’objectivité, la totalité (comme en physique)

La méthode : les statistiques.

(ce n’est pas un hasard si ce modèle surgit en France).

 

 

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Ce modèle n’est pas obsolète ; aujourd’hui il y a encore des sociologues qui l’utilisent.

 

Alain GIRARD : traite ainsi la question du choix du conjoint, en 59, puis en 79.

A voulu essayer de savoir qui épouse qui.

A constitué un échantillon représentatif des mariages entre 1919 et 1959.

Tentative d’explication : est-ce qu’on s’épouse par proximité ou par distance ?

Etablit un questionnaire très précis ; sur la localité d’origine des deux familles : (en 59)

Proximité géographique :          6 couples sur 10 sont de la même localité

                                               7 couples sur 10 sont du même canton

                                               8 couples sur 10 sont du même arrondissement

                                               9 couples sur 10 sont du même département ou de la même région.

Proximité sociales et culturelles : prend en compte les CSP des pères, les niveaux d’instruction, l’appartenance religieuse…constitue une échelle :

Quand tous les indices sont les mêmes, 84

Quand aucun indice n’est commun : 12.

Or, aucun couple n’a un indice inférieur à  35

10% seulement ont un indice de proximité inférieur à 60

La moyenne des proximités se situe à 70

Et 11% ont une moyenne supérieure à 79.

Alain Girard en conclut une loi : c’est l’attraction des semblables qui joue, et non pas des contraires.

 

Il a recommencé l’enquête en 79 : en 79, les proportions diminuent. Le taux de proximité est inférieur à 59. Mais on est encore dans la proximité.

 

C’est un modèle qui donne une espèce de photo, de cliché ; une espèce de soubassement sociologique.

 

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Pendant des années, on a fonctionné sur une loi d’homogamie conjugale : on ne prenait en compte que la profession du père dans les enquêtes.

On sait maintenant que ce qui est déterminant pour les enfants c’est le niveau culturel de la mère.

(et les enfants de femmes qui travaillent ont un meilleur niveau scolaire que ceux dont la mère ne travaille pas).

 

 

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