Notes de Stéphane HENRY - Cours Moncomble
Le 3 mai 2007
Société politique (seconde partie)
Si l'on prend l'exemple de l'Onu, qui s'oppose généralement à l'ensemble des conflits, il existe là un lieu de tensions troubles et les moyens antagoniques.
Il y a une relative impuissance à respecter les fins pour lesquelles elle a été créée. L'échec est mis sur le nombre élevé de pays adhérents et les de plus les adhésions récentes amènent des pays sons expérience de la politique internationale. Julien Freud, qui définit la nature même de l'ennemi politique, le neutralisme, le refus de l'inimitié, refus de l'antagonisme de la puissance qui menace toujours l'autre. La fonction paradoxale du statu quo, l'Onu respecte l'intégrité de chaque pays avec deux grands principes : non à la violence et la non amputation territoriale des pays, alors même qu'elle soutient des guerres d'indépendance.
La philosophie de cet organisme est inopérante car ses objectifs sont antagoniques avec ses moyens. L'onu subit pratiquement toujours la réalité de l'ennemi politique alors qu'elle l'ignore sur le plan théorique, et en s'interdisant de le combattre.
La plus grave faute en politique c'est de se tromper sur son adversaire, car c'est mettre son état en péril. Le nier, c'est écarter provisoirement la guerre, mais ne permet non plus d'établir la paix. La politique est le contraire des bons sentiments.
Le politique comme essence
La politique est une pratique toute une analyse ne doit comme partir que de la division territoriale d'une société hétérogène.
La société est la donnée politique pour plusieurs types de raisons :
1) parce elle destinée à être organisée politique
2) parce que l'homme n'est, dans une collectivité particulière, ayant une juridiction sur un territoire politique en termes politiques, qui sont le support des particularismes.
3) c'est l'unité du genre humain, s'apparente à la société morale et non politique parce qu'alors l'homme deviendrait autre chose qu'un animal politique.
Le politique comme essence c'est une des constances de l'existence en groupe. L'essence reste identique à lui même qu'elle soit le régime (préservation paix intérieure, prévenir menace extérieure) la politique comme pratique est une activité parfaitement circonstancielles, variable. Elle est au service pratique de son organisation,
Le politique comme essence est très différente des fantaisies de l'homme qui ne peut pas faire autre chose de ce qu'il est. Le politique a pour but d'organiser.
Paradoxalement, l'unité politique (loi, patrie, ect) va introduire paradoxalement la cohésion partitive dans l'hétérogène social (l'unité elle rassemble et elle exclut)
Le second présupposé du politique : le public dans sa polarité dialectique public-privé
La distinction entre privé et public
Elles ne sont pas des catégories économiques. L'économique est l'une des relations sociales, mais elle n'est pas tout le social.
Le capitalisme, le communisme, etc sont des doctrines pour tenter de résoudre la question sociale. La question sociale, c'est selon Weber, les relations dialectiques d'ordre antinomiques, qui vont constituer ces questions. C'est là qui est décidé si l'économie a plutôt un caractère privé ou public.
Distinction entre privé et communautaire
Le privé c'est l'ensemble des relations non publiques au sein d'une sphère donnée. Le fondement du privé c'est autonomie des personnes libre échange et réciprocité. La tension privé/public ne s'assimile pas à la communauté et société. Le privé n'est associable à communauté.
La communauté et la société sont un concept idéal-type
La communauté vient définir l'association humaine qui possède des choses en commun et qui poursuit un but commun. Le privé c'est la détermination réelle que la politique introduit dans le tissu social
Distinction entre privé et individuel
Cette catégorie (individuel) du privé est formée à la fois du rapport intime de l'individu avec les autres et des relations interindividuelles et interpersonnelles, des associations de nature diverses où se négocie la zone du privé et du public (J. Freud). Les caractères du privé sont pour ainsi négatifs. Il n'est le maître d'aucun territoire indépendant, il n'a d'autre constitution que celle édictée par le public.
Le privé exclut, fractionne, sépare ; c'est la relation sociale à la fois conditionnelle et discriminatoire, qui est fondée sur un intérêt particulier et comme tel il tend toujours vers une fin particulière.
Distinction entre public et collectif
On fait très la confusion entre espace public et espace collectif.
La différence entre public et collectif (Rousseau Hobbes). Hobbes[1] indique que le corps politique (public) ne saurait se définir par l'unité du nombre. Une simple agrégation d'hommes ne peut constituer une société car il lui manque l'ordre et la volonté unique sous la forme de l'unité dans la souveraineté. La multitude n'est pas une mais plusieurs.
Il est difficile de définir un intérêt commun. Au sens politique, le public, est toujours l'affirmation d'unité.
L'unité politique signifie contrairement à ce qui se passe dans le privé, le public exclut tout égal à l'intérieur de la même collectivité, il n'en tolère qu'à l'extérieur. L'état se suffit à lui (Aristote). Le public est autre chose qu'une simple cohérence entre les instituions et groupement. Il est support d'un ordre commun qui transcende le pluralisme et qui lui donne la possibilité de se maintenir et de développer sans trop de collisions. Cela n'est pas possible dans un espace communautaire ou l'on est avec ou contre, ou en dehors.
La nécessité d'un territoire et d'un bien commun pour Aristote sous la forme d'une constitution écrite ou non, un seul territoire est affecté à une seule cité et les citoyens qui possèdent cette seule cité, une. Toutefois cette communauté qu'est cette relation publique doit rester extérieur aux individus et aux groupement qu'elle coordonne car un processus d'unification poursuivi avec une trop grande rigueur qui ferait du public un rapport interne entre les individus et les institutions qui se ferait l'aspect a forme d'une communisme ou d'une association signifierait la ruine de la cité. En clair le public ne doit jamais être privatisé. Pour cette raison, il rejette comme anti-politique le refus de faire la distinction entre le tien et le mien ; c'est à dire la pensée de Platon qui considère que la véritable unité politique serait réalisé lorsque l'objet serait à tous indistinctement. La notion de public est la fois raison et volonté supérieure sans pour cela lui être hostile. En effet le public n'est pas extérieur aux individus, mais agit comme une réalité plus haute au sein de laquelle ils ont à accomplir leur destin d'homme.
Le public appartient à tous et en même temps à personne.
[1] Hobbes (Thomas), philosophe anglais (Wesport, Wiltshire, 1588 - Hardwick Hall 1679). Partisan d'un matérialisme mécaniste, il décrit l'homme comme un être naturellement mû par le désir et la crainte (« L'homme est un loup pour l'homme ») ; pour vivre en société, l'homme doit renoncer à ses droits au profit d'un souverain absolu qui fait régner l'ordre, l'État (le Léviathan, 1651).