Synthèse de notes par HENRY Stéphane et Martine Gatineau
le 20/01/05
Fondements et évolutions des disciplines en sciences sociales
Simmel et la sociologie
Action réciproque et la notion de formes sociales
G. Simmel[1], ami de Weber et de Bergson. On peut comprendre son apport intellectuel car il fait référence à Kant [2]. Dans la pensée philosophique de Kant : "les choses que nous voulons comprendre sont déterminés par les capacités de l'entendement. La connaissance n'est pas le reflet passif mains une construction de la réalité, et celle-ci est en constante évolution. La connaissance résulte d'une synthèse entre la raison et la sensation"
"Les pensées sans contenu sont vides, les intuitions sans concepts sont aveugles"
La pensée doit s'attachée au réel, à l'observation C'est la question du sens
La représentation, c'est prendre le réel avec ses propres références, elles-mêmes rattachées à des représentations de la société, historiques.
La pensée de Simmel est dans le sillage de la pensée de Kant. "La vie sociale est un mouvement par lequel ne cesse de se remodeler les relations entre les individus."
Rien n'est trivial, tout se relie et se rattache à l'essentiel. Chaque détails de la vie renvoie au sens global de celle-ci.
[Durkheim serait plus proche du travail social dans un sens car il veut décrire les maux de la société. Simmel et Weber veulent comprendre.]
Avec Simmel, nous sommes dans les sciences de l’esprit, Durkheim se réfère plutôt à la nature, son modèle est la biologie.
Pour Simmel, les concepts centraux sont l'action réciproque et la notion de formes sociales.
l'action réciproque
L'action réciproque qui signifie l'influence que chacun exerce sur autrui. Les relations sont composées à la fois de ponts qui unissent les individus entre eux et de portes qui les séparent. Dans la vie quotidienne, l'autre ou les autres, ont une action sur vous, vous réagissez aux autres selon vos propres motivations, en fonction de ce que vous percevez de l'autre et de vous-même dans la situation, ces éléments se rapprochant de la psychologie. Les motivations pour réagir dans ses situations s'appuient sur divers domaines de votre personne : l'attitude morale, les intérêts pratiques, les intérêts liés au travail, l'instinct de survie, l'envie de jouer, l'instinct érotique.
Un ou plusieurs de ces domaines peuvent être activés. Simmel considère qu’il existe une certaine liberté des individus dans leur façon de se comporter les uns par rapport aux autres (à la différence de Durkheim).
C'est la totalité de ces actions de réciprocités qui sont en perpétuel mouvement qui constitue les activités sociales, qui forment elles-mêmes la société globale.
C’est la prise en compte de l’individu dans la globalisation des activités sociales.
L'intérêt de cette approche, c'est qu'il est possible de conjuguer les analyses microsociologiques avec les analyses macrosociologiques, car il existe des phénomènes de correspondances entre les deux, par l'intermédiaire de cette notion que Simmel appelle les formes sociales.
La notion des formes sociales
Pour Simmel, l'examen des interactions entre les individus est nécessaire mais pas suffisant ... il faut regarde ces interactions en recherchant quels sont les formes d’associations humaines.
Simmel se distingue de Durkheim, car il n'accepte pas l'idée d'une contrainte extérieure quand les individus s'associent. Il veut dégager au contraire de Durkheim (généralités, lois) des constantes et des régularités dans l'organisation sociale.
Les quatre formes sociales
Son point de vue a influencé Weber, dans la fabrication de la notion "d'idéaltypes" C'est à partir de ce concept de formes que Weber et Simmel vont construire la notion de type idéal, qui n'est finalement qu'un outil de compréhension du réel.
La notion d’idéal-type rapportée à la domination chez Weber
L’idéal-type ne représente pas une réalité, il est fictif, ne rassemble que les caractéristiques d’un comportement. C’est un exercice virtuel servant à classer le monde social.
L’originalité de la pensée de Simmel, c’est de détacher le contenant du contenu. On examine séparément la forme de la socialisation, par exemple dans la construction d’une institution, sur le plan du nombre, de la mixité, du statut juridique, sur le plan de la hiérarchie, sur le plan générationnel, sur le plan du conflit : c’est le contenant. Ce qu’il y a dans les têtes de chacune des personnes (croyances, convictions, idées...) concerne le contenu. Contenant et contenu sont analyser séparément et l’on observe ensuite leurs interactions pour définir la forme sociale
Synthèse de cet enseignement
Les sciences et leurs disciplines sont des formes de l'organisation du savoir.
Les deux caractéristiques de la démarche scientifique
Il faut justifier de chaque aspect de la recherche menée. [alors que c] Chaque science construit sa propre démarche et ses propres modes de validation (en construisant son propre savoir).
Rien en science n'est totalement absolu. Pour chaque science, il existe des présupposés, c'est à dire, un vision des choses ou un ensemble d'idées que l'on va admettre préalablement aux constrictions théoriques ; chaque science est un modèle de pensée (géométrie, biologie, arithmétique, "psychanalyse",) qui repose sur des axiomes (notions premières admises sans démonstrations)
L'esprit critique est la condition sine qua non de la recherche scientifique. Pour la constitution des sciences humaines, on les différencie des sciences dures (science se rapprochant de la nature, directement observable) par le fait qu'elle ne cherchent pas à établir des lois, qui rendent compte. On dénomme les "sciences humaines" sous ce terme parce qu'elles se situent dans le sillage des enseignements des humanités (sociologie, ethnologie, anthropologie etc..) On distingue les sciences humaines des sciences de la nature parce qu'il est difficile de cadrer les activités humaines et de l’esprit par l’identification de lois intangibles. L'administration de la preuve pose problème car le matériel examiné, c’est l’homme et l’on ne peut exclure le caractère subjectif. Il existe des façons de tenter de faire la preuve dans les sciences humaines qui vont garantir la scientificité.
Il existe des modèles qui s'inspirent de modèles de la nature (la sociologie de Durkheim) et d'autre des sciences de l'Esprit (psychosociologie)
Weber peut procéder des deux modèles :
-par la compréhension, il se rapproche des sciences de l’esprit ;
-par sa construction d’idéal-type, il se rapproche des sciences de la nature.
[1] Georg Simmel, né le 1er mars 1858 à Breslau Allemagne - mort le 28 septembre 1918 à Strasbourg, est un philosophe et sociologue.
[2] Kant (Immanuel, en fr. Emmanuel), philosophe allemand (Königsberg 1724 - id. 1804). Sa philosophie, influencée par Hume, Leibniz et Rousseau, tente de répondre aux questions : « Que puis-je savoir ? » ; « Que dois-je faire ? » ; « Que puis-je espérer ? ». Kant place la raison au centre du monde comme Copernic le Soleil au centre du système planétaire. Pour qu'une connaissance universelle et nécessaire soit possible, il faut que les objets de la connaissance se règlent sur la nature du sujet pensant et non sur l'expérience (Critique de la raison pure, 1781). L'entendement, en traçant les limites de la sensibilité et de la raison, rend possibles une physique a priori et le système des lois qui gouvernent la nature (Premiers Principes métaphysiques de la science de la nature, 1786). Et, pour que l'homme ne soit pas plus déterminé dans son action morale que dans sa connaissance par les objets extérieurs, Kant forme l'hypothèse d'une âme libre animée d'une volonté autonome (Critique de la raison pratique, 1788). Tout principe d'action doit alors pouvoir être érigé en maxime universelle (Critique du jugement, 1790) et le progrès de l'homme passe par la vertu individuelle et la liberté sociale garantie par une constitution politique ( Métaphysique des mœurs, 1797).